Un an après le succès mondial de « Frankenstein » (1931) produit par Universal, son réalisateur James Whale tourne pour le même studio « La Maison de la mort – The Old dark house » et sollicite de nouveau l’étrange Boris Karloff. Cette fois, le cinéaste adapte pour son nouveau film « Dans la nuit », un roman écrit quatre ans plus tôt par J.B. Priestley.

Par une violente nuit d’orage, Mr et Mrs Waverton (Raymond Massey et Gloria Stuart) et leur ami Philip (Melvyn Douglas) échouent dans une grande maison perdue au fin fond du pays de Galles. Les étranges résidents de ce manoir gothique, Horace Femm et sa sœur Rebecca, acceptent d’héberger les citadins égarés et les confient à Morgan (Boris Karloff), le terrifiant majordome. Deux nouveaux visiteurs, perdus et trempés jusqu’aux os, frappent à la porte du manoir: le tonitruant Sir William Porterhouse (Charles Laughton) et sa compagne la coquine Gladys. Ce petit groupe de jeunes hommes et jeunes femmes à la fière allure sera bientôt confronté aux sordides secrets de leurs hôtes dégénérés.

Dans ce savoureux film d’épouvante, le cinéphile retrouve les ingrédients qui font le succès de nombreux films de genre: la maison hantée, le monstre violent, les pièces secrètes… et l’atmosphère menaçante des lieux. Avec, en prime, un soupçon d’érotisme dans les personnages féminins, notamment celui interprété par Gloria Stuart, magnifique de sensualité – chevelure blond platine, corps pâle et robe blanche – dans le rôle de Mrs Waverton.

Au cours de cette longue et éprouvante nuit, il sera évidemment question de monstres – pas seulement celui interprété par l’irremplaçable Boris Karloff – mais également de croyances ancestrales et de rivalités féminines: la bigote et irascible Rebecca Femm exècre la fraîcheur de la jeunesse « dépravée, aux robes de soie et à la peau blanche ». James Whale brosse l’ancien monde reclus, lourd de préjugés et aux sordides secrets familiaux, qui côtoie la modernité, le désir et l’insouciance de l’entre-deux guerre.

De nouveau visible dans les salles de cinéma et dans une superbe version restaurée 4K grâce à Cohen Media Group et Carlotta « Une Soirée étrange » – le titre français – est un huis-clos angoissant mais non dénué d’humour