En 1960 sortait sur les écrans français « Le Bel Antonio », un des grands films du cinéma transalpin, alors prolifique et couronné de lauriers. « Il Bell’Antonio » a été tourné juste après « La Dolce Vita », c’est dire si l’étoile montante Marcello Mastroianni était attendue après le phénomène cinématographique du maestro Fellini.

Dans « Le Bel Antonio », le cinéaste Mauro Bolognini offre le rôle-titre, d’une étonnante complexité et ambiguïté, à Marcello Mastroianni. Adapté de l’oeuvre de Vitaliano Brancati par Pier Paolo Pasolini, le récit narre les tourments d’Antonio, fringuant et séduisant trentenaire. Avec son visage d’ange, son intense vie sociale et ses nombreuses conquêtes féminines, le jeune homme incarne dans toute sa splendeur le mâle sexué et épanoui.

De retour dans sa ville natale de Catane après trois années passées à Rome, Antonio est confronté à la pression familiale. Son mariage arrangé avec la fille d’un riche notaire prend une tournure favorable lorsqu’Antonio découvre la délicate beauté de Barbara (Claudia Cardinale). Mais « l’ange » qu’est la fille du notaire déstabilise et révèle la sexualité d’Antonio…

Ce récit comique et tragique à la fois est une subtile réussite: comment passer de la comédie de mœurs en terre sicilienne à un drame personnel, Mauro Bolognini explore ainsi l’intimité d’un jeune homme étouffé par la pression sociale et le patriarcat lorsque la puissance, sociale et sexuelle, fait l’homme et sa réputation. En bref, son nom.

« Le Bel Antonio », soixante ans plus tard, est d’une troublante actualité tant le retour au patriarcat revient insidieusement dans nos sociétés occidentales. Deux icônes du cinéma – à la beauté fascinante – incarnent le jeune couple: Marcello Mastroianni et Claudia Cardinale, aussi belle que dans « Sandra » de Luchino Visconti. Dans ce noir et blanc éblouissant, les jeunes et élégants acteurs sont un réel hymne à la beauté.

Restauré et de nouveau à l’affiche dans les salles de cinéma, il ne faut en aucun cas laisser passer cette découverte ou redécouverte du septième Art.