Jeune homme de 27 ans, doux rêveur et légèrement mythomane, Bellisha (Michael Zindel) vit avec sa mère (Agnès Jaoui) dans leur appartement de la banlieue parisienne. Ils sont « les derniers Juifs » de ce quartier quitté par leur communauté pour d’autres contrées d’Ile-de-France…
Première réalisation du scénariste Noé Debré, Le Dernier des Juifs sort en salles dans un contexte international tendu, exporté dans les banlieues qui accueillent de multiples confessions. On ne peut que louer le courage du distributeur Ad Vitam de sortir malgré tout ce « drôle de film ». Sur le ton de la comédie et du burlesque, le réalisateur s’empare d’un sujet inquiétant: la sclérose des communautés qui, avec le regain du fait religieux, semble désormais incapable de vivre ensemble.
Ici, il est question d’un départ – dans une autre ville, voire en Terre promise – pour ce duo cocasse mère-fils interprétés par Agnès Jaoui et Michael Zindel. Alors que la première se lamente du changement sociologique de son quartier – « Qu’est-ce qu’il y a comme noirs! » s’exclame t-elle – le second, sorte de Buster Keaton, accumule les mensonges pour la convaincre que non, rien n’a pas changé.
Sur ce postulat comique qui reprend l’idée de Good Bye, Lenin ! (Wolfgang Becke, 2003), Noé Debré propose une comédie douce-amère dans laquelle chacun individuellement envisage une entente avec l’autre: dans un contexte d’antisémitisme désormais assumé, les habitants en viennent finalement à regretter le départ des populations juives. Ainsi, ce jeune gamin d’origine africaine qui balance « D’habitude j’aime pas les Juifs, mais toi c’est différent » ou le personnage de Mira (Eva Huault), voisine et amante de Bellisha, qui, elle aussi, en vient à regretter les Juifs.
Si le rythme du Dernier des Juifs est quelque peu désordonné, ce film charmant et triste à la fois est une proposition audacieuse et nostalgique d’un temps où on pensait pouvoir vivre ensemble. Agnès Jaoui est bouleversante.
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