Que représente pour les générations d’alpinistes en quête de la plus haute cime les sommets enneigés et inaccessibles? Certainement « le monde de l’éternité » selon l’écrivain René Daumal (1908-1944) qui ajoutait à propos de la montagne: « Elle est la voie par laquelle l’homme peut s’élever à la divinité, et la divinité se révéler à l’homme ».

Dans Le Sommet des dieux, le réalisateur Patrick Imbert magnifie cette quête intime des hommes pour la montagne. En adaptant sur le grand écran le mangaka de cinq tomes signé Jirô Taniguchi et Baku Yumemakura (éditions Shueisha), Patrick Imbert réussit à entraîner le spectateur dans la tête – et le corps – de ces têtes brûlées.

Une ancienne gloire de l’alpinisme, Habu Jôji, détiendrait l’appareil photo Kodak Vest Pocket retrouvé sur le corps sans vie de George Mallory. Et si c’était Mallory qui, le 8 juin 1924, avait atteint le toit du monde, bien avant Edmund Hillary et Tensing Norgay en 1953? C’est ce que le reporter Fukamachi tente de découvrir en suivant depuis Katmandou Habu Jôji dans son ascension de l’Everest.

Avec ses décors à couper le souffle et ses haletantes intrigues, Le Sommet des dieux est à classer parmi les plus beaux films de montagne depuis le muet L’Enfer blanc du Piz Palü (1929) de Georg Wilhelm Pabst et en passant par le trop méconnu Cinq jours, ce printemps-là (1982) de Fred Zinnemann.

Le Sommet des dieux, un film de Patrick Imbert