Dans leur grande maison à Mexico, le docteur Pablo Morales (Arturo de Cordova) et sa femme Gloria (Amparo Rivelles) vivent chacun de leur côté: lui dans son atelier de taxidermie, elle recluse dans sa chambre. Couple vieillissant et sans enfant, Pablo et Gloria tombent dans l’aigreur et les reproches mutuels.

Cinéaste peu connu en France, Rogelio A. Gonzalez (1922-1984), médecin de formation, a pourtant réalisé quelques soixante-dix films. C’est grâce au travail formidable des Films du Camélia que les spectateurs des salles obscures peuvent découvrir cette œuvre grinçante réalisée en 1960.

Dans Le Squelette de madame Morales, c’est l’enfer du couple qui y est ausculté du point de vue du docteur, personnage plutôt attachant, lassé des bigoteries de son épouse et de son refus des plaisirs du couple, qu’ils soient culinaires (elle déteste la viande) ou charnels (elle se refuse à lui).

Le passage à l’acte criminel germe lentement dans l’esprit de ce jouisseur accablé par sa femme qui, pour échapper aux reproches permanents, passe de longs moments au bistrot ou dans une boutique d’appareils photos, tenue par la sensuelle madame Castro.

Vague cousine du simenonien Les Fantômes du chapelier (Claude Chabrol, 1982), cette comédie noire et macabre est un régal absolu, inspirée d’une nouvelle de l’écrivain Arthur Machen (1863-1947). L’horrifique Le Squelette de madame Morales dissèque les pulsions sexuelles et morbides de son protagoniste interprété par le génial Arturo de Cordova qui reprend la partition d’un homme qui bascule dans la folie à l’instar de El (Tourments de Luis Buñuel, 1953).