Un tableau d’Egon Schiele, qu’on croyait perdu, refait surface. L’ambitieux André Masson (Alex Lutz), commissaire-priseur parisien, se rend à Mulhouse chez le jeune détenteur des Tournesols pour organiser la vente aux enchères. Aidé de son ex-femme Bertina (Léa Drucker) et de sa jeune stagiaire Aurore (Louise Chevillotte), le spécialiste de l’art est rapidement confronté à des tractations et rumeurs pour empêcher ce qui devait être un événement.

Avec son affiche illustrée par le génial Floc’h, célèbre pour celles des derniers films de Woody Allen, Le Tableau volé revient sur une affaire qui s’est réellement déroulée. Réalisé, scénarisé et dialogué par Pascal Bonitzer, auteur de Cherchez Hortense (2012), ce récit passionnant suit avec un sens aigu des réparties la tache ardue du fougueux Masson pour que la vente soit confiée à Scottie’s, la maison de vente dont il est salarié. Cette expérience unique dans la vie d’un commissaire-priseur va peu à peu transformer l’arrogant et célibataire quadragénaire, dont la jeune Aurore subit les remarques désobligeantes.

Pascal Bonitzer fait du quartier Drouot, où se situe une grande partie de l’action, un des personnages principaux du Tableau volé. Les grandes maisons internationales, qui n’ont rien à envier aux multinationales capitalistes, y sont dépeintes de l’intérieur avec leur hiérarchie sans pitié, leurs décisions brutales et leurs coups bas. Si le cinéaste excelle dans les situations cocasses et les dialogues qui font mouche, il aborde la spoliation des œuvres d’art de façon expéditive – le tableau a été volé par les nazis en 1938 – et bâcle la vente finale, pourtant le clou du spectacle.

Mais il y a les comédiens. Alex Lutz est magistral dans cette noble fonction de commissaire-priseur. Irrésistiblement détestable, l’humoriste confirme sa capacité à incarner des personnages à des années-lumière de ses célèbres sketches. A ses côté, une palette de talents parmi lesquels Louise Chevillotte, révélation montante vue dans Le Monde après nous (Louda ben Salah Cazanas, 2022), Léa Drucker et Olivier Rabourdin tous deux l’un face à l’autre dans L’Eté dernier (Catherine Breillat, 2023), Nora Hamzawi et Alain Chamfort complète cette comédie originale.