Quand Madame de la Pommeraye cède aux avances du marquis des Arcis, elle sait que leur amour ne durera pas. Le marquis est un libertin invétéré et, pourtant, la jeune veuve voulait croire à la flamme éternelle de la passion amoureuse…

Emmanuel Mouret, un singulier cinéaste qui privilégie un cinéma rohmérien, adapte un passage de « Jacques le Fataliste et son maître » de Denis ­Diderot dont Robert Bresson et Jean Cocteau se sont inspirés au sortir de la dernière guerre. Cela a donné le chef d’oeuvre « Les Dames du bois de Boulogne » et la prestation inouïe de Maria Casarès.

Contrairement à Bresson, le réalisateur ouvre son récit avec les jeux de séduction et les transports amoureux des deux amants. Les dialogues amoureux et les efforts de résistance de la jeune veuve constituent dans le film d’Emmanuel Mouret un pur bonheur de cinéma. Cécile de France et Edouard Baer forment un couple attachant et convaincant qui prend une tournure vengeresse dès lors que le marquis en pince pour la jeune mademoiselle de Joncquières (la douce Alice Isaaz).

Tourné dans de très beaux décors naturels et, pour un film en costumes, avec un minimalisme formel revendiqué, Emmanuel Mouret réussit une adaptation originale et non calquée sur celle de Bresson. Il doit son succès aux performances de ses interprètes, Cécile de France en tête. Séduisante et rigide à la fois, elle joue une Madame de la Pommeraie trahie et vindicative, un jeu qu’on ne connaissait pas à l’actrice belge. Edouard Baer est parfait, comme toujours, et arrive à faire oublier son rôle de trublion qu’on lui connaît.