Gareth Jones, journaliste gallois, vient de se rendre célèbre après avoir publié, en cette année 1933, un interview avec le nouvel homme fort de l’Allemagne, le chancelier Adolf Hitler. Conseiller aux Affaires Étrangères du gouvernement britannique auprès du premier ministre David Lloyd George, le jeune homme s’intéresse désormais à l’Union Soviétique et plus particulièrement au miracle industriel que la République des Soviets vit. Le téméraire Gareth Jones s’envole pour Moscou dans le but de rencontrer Staline et décrocher, peut-être grâce à ses confrères et correspondants occidentaux sur place, le précieux interview. Une fois sur place, Gareth Jones apprend qu’une famine organisée en Ukraine, le grenier à blé de l’Union Soviétique, est tenue secrète. Échappant à la surveillance du régime, Gareth Jones se rend dans la région du Centre-Tchernozem et découvre l’envers du décor.
La cinéaste polonaise, disciple d’Andrzej Wajda, revient sur « l’Holodomor » , une expression forgée en Ukraine pour signifier les famines organisées par le régime de Moscou de 1931 à 1933 où, selon les historiens, près de quatre millions de paysans ukrainiens trouvèrent la mort. Agnieszka Holland met en scène, à partir des écrits de Gareth Jones, l’effroyable découverte dans la campagne ukrainienne du correspondant britannique, ignoré par ses homologues sur place, corrompus ou aveuglés par le régime.
Si la réalisation d’Agnieszka Holland n’évite pas les effets de style au détriment d’une sobriété attendue, le récit de « L’Ombre de Staline », palpitant et effroyable, est d’un évident intérêt historique que James Norton, dans le rôle de Gareth Jones, porte sur ses épaules. Tourné dans des décors extérieurs enneigés, saisissants de beauté et de cruauté, « L’Ombre de Staline », lancé à toute allure grâce à un montage efficace et la musique entraînante de Antoni Lazarkiewicz, est une réflexion terriblement actuelle sur la propagande et la désinformation. Dans le rôle du correspondant à Moscou du New York Times de 1922 à 1936, Peter Sarsgaard incarne magistralement un Walter Duranty lâche et corrompu.
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