Le réalisateur Martin Provost retrouve son actrice du lumineux et consacré Séraphine pour un nouveau portrait de femme – il avait déjà fait le portrait d’une jeune femme, incarnée par Marie-Julie Parmentier, dans Le Ventre de Juliette. Cette fois, Yolande Moreau interprété une femme éprouvée par la vie qui renaît suite au décès de son mari.

Où va la nuit commence de manière assez obscure par le portrait de Rose (Yolande Moreau), femme d’agriculteur, battue par son alcoolique de mari. Une nuit, celui-ci est fauché sur une petite route des Ardennes. Commence alors pour Rose une renaissance. A Bruxelles, elle retrouvera son fils.

Le film de Martin Provost est adapté de Mauvaise pente de Keith Ridgway. L’action qui se situait en Irlande a été transposée en Belgique. Si Où va la nuit rappelle au début les films des frères Dardenne, il se détourne rapidement de cette voie pour emprunter un chemin parfois tortueux. En effet, la poésie et la force des premiers instants est ensuite gommée par des situations et des personnages outranciers, en particulier le personnage du fils, beaucoup trop souligné. On aurait voulu que la caméra se concentre davantage sur Rose, attachant Pierrot lunaire, et ne s’éparpille pas en cours de route.

Outre ces petites sorties de route, Où va la nuit reste un très beau film qui doit beaucoup à Yolande Moreau, qui nous prouve une fois de plus qu’elle est une actrice majeure du cinéma français et belge (Louise-Michel, Séraphine, Mammuth, etc.). La photo du film est superbe, certains plan d’une grande beauté: lorsque Rose ère dans la ville endormie, lorsqu’elle s’échappe avec sa complice (Edith Scob). Le film est porté par une musique d’Hugues Tabar-Nouval qui a utilisé un instrument rare, les Ondes Martenot.