Reynolds Woodcock est l’homme qui habille les princesses et autres grandes de ce monde.

Au cœur du Londres des années 1950, l’irascible couturier mène à la baguette sa petite entreprise, épaulé de sa soeur Cyril. Le jour où Reynolds rencontre la jeune Alma, c’est une déconstruction qui commence tant dans la vie professionnelle qu’intime de cet homme névrosé.

A l’instar de son héros de couturier, le film de Paul Thomas Anderson est d’une diabolique perfection. Ce n’est pas tant le portrait d’un être surpuissant mais malheureux que le réalisateur décrit mais davantage une introspection d’un homme traumatisé.

Cet homme est incarné – c’est le cas de le dire – par l’immense Daniel Day-Lewis. Le visage émacié, l’œil glacial, la voix qui susurre: l’acteur joue Reynolds Woodcock, un magnifique personnage tiraillé par ses démons névrotiques. Face à lui, deux femmes tentent d’échapper à la violente domination de Reynolds Woodcock: Alma (Vicky Krieps) puis Cyril (Lesley Manville).

Vicky Krieps, entre naïve soumission et détermination, est la révélation de ce « Phantom Thread ». Sa beauté juvénile, son sourire charmant cachent une femme prête à tout pour sortir son mentor de ses traumatismes et, in fine, se libérer elle-même.

Accompagné d’une sublime partition de Jonny Greenwood, ce film intimiste de Paul Thomas Anderson – en hommage à la mode comme Falbalas (1945) de Jacques Becker – est une réussite totale.