Dans la république de Salò, dans laquelle le parti fasciste a installé son pouvoir avec l’appui des forces allemandes, quatre notables – le Duc, l’Evêque, le Magistrat et le Président – ordonnent à la milice de kidnapper des jeunes villageois. Installés dans un palais sur les hauteurs de la ville, alors que les grondements des avions planent, les dignitaires explorent leur vices les plus pervers en leur faisant subir les pires humiliations et sévices.
Sorti sur les écrans en 1975, l’ultime film de Pier Paolo Pasolini – il meurt assassiné deux mois avant sa sortie – bénéficie d’une copie restaurée, distribuée par Solaris. Salò n’a rien perdu du choc qu’il a suscité à sa sortie, il reste aujourd’hui une œuvre peu accessible au grand public dont certaines scènes (viols, scatologie et torture) restent à la limite du soutenable.
Inspiré de l’œuvre du marquis de Sade Les Cent Vingt Journées de Sodome, Salò est divisé en quatre partie dans lesquelles l’avilissement subi par les jeunes gens augmente crescendo: Le vestibule de l’enfer, le cercle des manies, le cercle de la merde et le cercle du sang. La dualité des groupes – les dominants et dominés – est ici poussée à son extrême; Pier Paolo Pasolini entend dénoncer le capitalisme dévastateur et avilissant de notre société de consommation.
2022 est l’année du centenaire de la naissance du poète-cinéaste; débuter la rétrospective par Salò permet d’ausculter la part la plus sombre de son réalisateur. Avec sa superbe esthétique – les décors et mobiliers Art déco de la Villa Aldini près de Bologne, la beauté des jeunes victimes – Salò ou les 120 Journées de Sodome reste, en plus d’être une œuvre unique et inclassable, une réflexion inspirée sur la violence en chacun des hommes.
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