Il règne dans le documentaire de Christophe Agou comme un parfum de mort: les vieux paysans qu’il filme appartiennent déjà à un monde révolu, les troupeaux sont emmenés à l’abattoir dès une suspicion de contamination et le réalisateur est décédé prématurément avant la sortie de son film…
Mais il ne faut pas s’arrêter à ces faits dramatiques, aussi malheureux qu’ils soient. « Sans adieu » est un film bien vivant.
Christophe Agou a filmé une humanité résistante dans son documentaire posthume. Ces femmes et ces hommes de la petite paysannerie, pour certains très âgés, vivent comme vivaient déjà leurs aînés. Chichement, mais avec du bon sens.
Claudette, Bernard, Jean-Claude et les autres sont pourtant laissés sur le bas-côté de la transformation de l’agriculture française depuis l’après-guerre. Appauvris, vivant dans des conditions à la limite de l’insalubrité, nos vieux paysans meurent à petit feu. Quelques lettres ou appels téléphoniques de l’administration leur rappellent leur existence. Le beau film de fiction « Petit paysan » porte lui aussi un cri dans la paysannerie française.
Le photographe devenu cinéaste a filmé « ses » paysans, ceux du Forez, comme Raymond Depardon filmait les siens dans la ferme du Garet. Christophe Abou a grandi dans ce coin de la campagne française et, depuis 2000, a filmé cette petite paysannerie agonisante. Vivant aux Etats-Unis depuis des années, il souhaitait imprimer sur la pellicule les visages de ces femmes et ces hommes, ces travailleurs de la terre.
Grâce à lui, ceux du Forez sont dans nos cœurs. « La paysannerie se meurt mais ne se rend pas » pourrait-on souffler aux oreilles de Cambronne…
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