Soupçonnant une escroquerie à l’assurance-vie, l’avocat Nanni Brà (Philippe Leroy) enquête sur les causes du décès d’une dame âgée, mère de cinq enfants. L’homme tombe sous le charme de l’une des filles, la belle Cinzia Mancuzo (Paola Pitagora).

Sorti en 1969 en Italie mais resté inédit en France, ce film du prolifique Luigi Comencini (1916-2017), l’auteur de Casanova, un adolescent à Venise (1969) et Un Vrai crime d’amour (1974), sort sur le grand écran dans une version restaurée. C’est Rodolphe Chammah, à la tête des Films du Camélia et féru du cinéma transalpin, qui s’attèle à la découverte de cette enquête familiale qui mêle le thriller et la romance.

Tourné à Milan et dans ses environs, Senza sapere niente di lei – son titre italien – dégage une atmosphère brumeuse et étrange. Si l’enquête de Nanni, modeste employé d’une compagnie d’assurances, révèle une surdose de médicaments qui le mène à la jeune femme de bonne famille, c’est un jeu de manipulations réciproques qui s’opère sous les yeux du spectateur.

Qui manipule qui? peut-on s’interroger à la vue des amoureux qui, chacun, protègent leurs intérêts: lui pour prouver à ses patrons l’escroquerie et s’assurer d’une reconnaissance professionnelle, elle pour protéger sa clan. Car dans son dénouement, Sans rien savoir d’elle vire à la lutte des classes, un des thèmes récurrent de Luigi Comencini.

Avec une réalisation maîtrisée, un découpage savant et une partition musicale d’Ennio Morricone, Sans rien savoir d’elle révèle deux acteurs un peu oubliés du cinéma: le français Philippe Leroy et l’italienne Paola Pitagora à la beauté intemporelle.