Encore un film catastrophe comme le cinéma américain nous en a trop longtemps abreuvé? « Take Shelter » n’est pas du tout dans cette série de films paranoïaques et trop souvent primaires. Il est une brillante réflexion sur la fragilité de l’espèce humaine, vouée à sa perte…
Nous sommes dans l’Ohio profond, au sein d’une famille américaine où le mari, Curtis LaForche, travaille dans l’entreprise d’extraction locale. Il est marié à la belle Samantha qui, pour arrondir ses fins de mois, vend ses broderies au marché local. Leur petite fille Hannah, sourde de naissance, est sur le point de subir une opération pour recouvrer son ouïe. Ni fou, ni membre d’une obscure secte, Curtis commence à avoir des hallucinations et des visions d’apocalypse. Conscient de sa maladie, il se dirige vers un psychologue. Mais ses visions sont-elle prémonitoires sur l’avenir de l’humanité?
C’est Michael Shannon (époustouflant) qui interprète le rôle de Curtis. Derrière son physique si particulier, l’acteur de la série « Boardwalk Empire » transmet un malaise auprès du spectateur: inquiétant et potentiellement dangereux, il est aux yeux de tous la folie incarnée et pourrait commettre l’irréparable. C’est sans compter sur sa jolie épouse (la ravissante Jessica Chastain, la révélation de « Tree of Life ») qui aide son mari plutôt que de le laisser seul face à ses démons. Même lorsque ce dernier entreprend la construction d’un abri anti-tornades, Samantha garde la tête haute pour sauver son mari et son couple.
A priori, le film de Jeff Nichols est assez naïf et léger dans sa psychologie. Mais il est avant tout le portrait d’une Amérique à la fois paranoïaque et que rien ne peut atteindre: Curtis voit la fin du monde à chaque coin de rue, son entourage ne le considère comme un dément, bon à fréquenter les hôpitaux psychiatriques. Bien intégré, il devient peu à peu un pestiféré, jusque dans son lieu de travail ou dans l’association de bienfaisance qu’il fréquente. C’est la cellule familiale qui va l’aider à sortir de son obsession.
Peu d’effets spéciaux, quelques scènes hommages à des classiques du 7ème Art (« Les Oiseaux » et « Rencontre du 3ème type » en particulier) et une tension constante font de « Take Shelter » un haletant film et une vraie révélation de ce cinéma américain indépendant, débarrassé des poncifs des grands studios.
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