En 2015, la romancière Christine Angot sort Un Amour impossible, une « autofiction » se déroulant à Châteauroux depuis les années 1950 jusqu’à nos jours. Le récit se penche sur Rachel, la mère de l’écrivain, et sa relation tumultueuse et tragique avec celui qui allait devenir le père de Christine Angot.

Catherine Corsini porte à l’écran ce récit âpre en prenant le parti du romanesque, aussi subtil que dramatique. Rachel, un « prénom hébraïque » que le futur père se plaît à pointer lors de leurs premières entrevues, vit à Châteauroux. En ces temps d’après-guerre, une base de l’armée américaine est installée dans la cité de l’Indre. Ce qui amène Philippe, issu de la grande bourgeoisie parisienne, à se rendre dans la petite bourgade provinciale pour sa mission de traduction au sein de la base.

Malgré un réel amour pour Rachel, le jeune homme ne cesse de la rabaisser tant sur ses origines juives que sur sa classe sociale. Beau, distant, arrogant, l’homme envoûte la femme provinciale qu’est Rachel. Chantal – la future Christine Angot – est le fruit de cet amour irraisonnable. Ce père absent et veule, elle ne le connaîtra que trop peu et d’une manière tragique.

Le récit dense et passionnant de Catherine Corsini pose une nouvelle fois, après La Belle saison (2015), la place de la femme dans notre société, ses combats de mère mais aussi de fille. Luttes à mener sans cesse pour vivre sa dignité. Un Amour impossible, malgré une dernière partie trop explicative, est une œuvre forte et intense qui confirme le talent de deux magnifiques acteurs: Niels Schneider, déjà formidable dans Diamant noir et Virginie Efira, magistrale. Quant à Chantal adolescente, la jeune Estelle Lescure est stupéfiante de vérité.