En 2011, une jolie bande-dessinée de Julie Maroh, « Le bleu est une couleur chaude », remporte le Prix du Public lors du 38ème Festival d’Angoulême. L’auteur narre l’éveil à la sexualité de Clémentine, lycéenne, et son histoire d’amour avec Emma, une jeune fille aux cheveux bleus. En 2013, le 7ème Art à travers Abdellatif Kechiche s’empare de l’œuvre de Julie Maroh et créé l’événement au Festival de Cannes: « La Vie d’Adèle » remporte la Palme d’Or.
Le talent d’Abdellatif Kechiche n’est plus à prouver: il a fait de cette rencontre entre la lycéenne de la classe moyenne (Adèle Exarchopoulos) et l’étudiante bourgeoise aux Beaux-Arts (Léa Seydoux) un magnifique et brillant film initiatique et un cri pour l’acceptation de soi et de sa différence, qu’elle soit sexuelle ou ethnique.
Le cinéaste est resté, dans sa première partie, très fidèle au récit de Julie Maroh. A la rencontre des deux femmes et leurs émois sexuels s’ajoutent dans la seconde partie la découverte de leurs univers et leurs environnements familiaux respectifs. Quand l’une est issue d’un quartier populaire de Lille, l’autre est une enfant de la bourgeoisie. Et à en croire le réalisateur, l’histoire d’amour entre ces deux classes sociales ne peut être possible. Et si « La Vie d’Adèle » n’était pas le plus grand film révolutionnaire de ces dernières années?
Le film est cependant teinté de d’optimisme: Abdellatif Kechiche illumine cette jeunesse qui croit en son avenir, même si elle est issue des quartiers les moins favorisés. Aux amours désenchantées, à la douloureuse différence, Abdellatif Kechiche lance un cri d’optimisme et d’espoir à la jeunesse de France.
Le réalisateur s’est entouré de deux belles personnalités du cinéma français: Léa Seydoux enchaîne des rôles forts et exigeants ces dernières années (Belle-Epine, Les Adieux à la reine, L’Enfant d’en haut, Grand Central…). Avec « La Vie d’Adèle », l’actrice affirme un courage et une passion pour les grands auteurs du 7ème Art. Adèle Exarchopoulos est quant à elle étonnante de fraîcheur et de spontanéité.
Avec ce beau film engagé et incroyablement maîtrisé, Abdelattif Kechiche signe une œuvre majeure.
[…] Brillant et sophistiqué, « Mademoiselle » oscille entre thriller et amours saphiques. Car le film comme le livre sont avant tout une magnifique histoire d’amour entre deux jeunes femmes dégoûtées de la domination et perversion masculine. Leur évasion commune, c’est l’amour passionné et charnel qu’elles se renvoient. Un brin fétichiste, le film rappelle les étranges « L’Annulaire » de Diane Bertrand (2005) et « The Duke of Burgundy » de Peter Strickland (2015). Parfois kitsch voire au bord du grotesque, « Mademoiselle » est néanmoins déroutant et irrésistiblement attirant: les actrices Kim Min-Hee dans le rôle de Mademoiselle Hideko et Kim Tae-Ri dans celui de Sookee, d’une grande beauté, en sont la cause. Leurs ébats rappellent évidemment ceux, plus crus, du film d’Abdellatif Kechiche « La Vie d’Adèle« . […]
[…] et tendresse, les scènes d’amour sont ainsi davantage sensuelles que celles de « La Vie d’Adèle » , où Kechiche les décrivait de façon plus […]
[…] un récit sur l’initiation masochiste entre femmes ou bien évidemment encore « La Vie d’Adèle« , le nouveau film de Catherine Corsini s’inscrit dans un paysage précis, celui […]
Vrai ! excellente analyse à laquelle j’adhère en tous points. Mais pour moi bien sûr un seul bémol. Pour autant que l’on tienne à tourner un film en un ratio large, qui est ici entièrement justifié ( 2,39:1 ), efforçons nous de maîtriser la meilleure stabilité possible sur le portage de la caméra à l’épaule. Combien de magnifiques plans, surtout généraux, sont altérés par un cadre bougé qui n’a pas lieu d’être, tout au moins pas autant. Pitié, un parti pris de ce genre dénature le Cinéma en lui donnant des allures de télé-film à bas prix. Si à la télévision cela passe, c’est l’inverse sur un écran de 15 ou 20 mètres de base, et dérange. Nous parlons de 7° art, pas de « la petite lucarne ».