Mademoiselle vit recluse dans un vaste manoir. Mademoiselle, orpheline, est sous l’emprise de son oncle érotomane. Mademoiselle porte des gants de peur du contact au monde extérieur. Un matin, une nouvelle domestique va venir troubler la vie trop ordonnée de Mademoiselle.
A l’origine de « Mademoiselle » il y a le roman d’une auteure anglaise: Sarah Waters. Le passionnant « Du bout des doigts » a été publié en France en 2003. Depuis, l’auteure a sorti un bon nombre d’écrits mettant en scène des intrigues et des amours entre femmes dans l’Angleterre victorienne. Le cinéma devait évidemment s’emparer de cette œuvre féministe, fascinante et aux multiples rebondissements. Cela est désormais porté à l’écran et c’est, aussi surprenant soit-il, le coréen Park Chan-Wook qui inaugure l’adaptation des œuvres résolument romanesques de Sarah Waters.
Park Chan-Wook a transposé le récit de Sarah Waters dans la Corée des années 1930, à l’heure de l’occupation nippone. Dans une vaste demeure reculée, telle une maison de poupée, débarque Sookee la nouvelle domestique de Mademoiselle Hideko. Cette dernière ignore tout du monde extérieur, sa seule évasion consiste en la lecture de livres érotiques à un auditoire masculin invité par son oncle érotomane. Sookee accompagné d’un intriguant aristocrate en veut à l’argent de Mademoiselle Hideko. Tous deux imaginent un plan machiavélique pour s’emparer de la fortune de la belle et trop tôt fanée Hideko.
Le cinéaste, à l’origine de la trilogie de la vengeance « Sympathy for Mister Vengeance » (2002) , « Old boy » (2003) et « Lady Vengeance » (2005) , a scrupuleusement respecté le récit, parfois compliqué, de Sarah Waters. Il s’est cependant arrogé quelques libertés scénaristiques, notamment dans la troisième partie du film – la moins réussie d’ailleurs.
Brillant et sophistiqué, « Mademoiselle » oscille entre thriller tordu et amours saphiques. Car le film comme le livre sont avant tout une magnifique histoire d’amour entre deux jeunes femmes dégoûtées de la domination et perversion masculine. Leur évasion commune, c’est l’amour passionné et charnel qu’elles vivent. Un brin fétichiste, le film rappelle les étranges « L’Annulaire » de Diane Bertrand (2005) et « The Duke of Burgundy » de Peter Strickland (2015). Parfois kitsch voire au bord du grotesque, « Mademoiselle » est néanmoins déroutant et irrésistiblement attirant: les actrices Kim Min-Hee dans le rôle de Mademoiselle Hideko et Kim Tae-Ri dans celui de Sookee, d’une grande beauté, en sont la cause. Leurs ébats rappellent évidemment ceux, plus crus, du film d’Abdellatif Kechiche « La Vie d’Adèle« .
« Mademoiselle » est une invitation à se plonger dans l’œuvre romanesque et érotique de Sarah Waters.
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