« l’Histoire est comme une pomme qui tombe dans le vide mais les fruits repoussent » lance le formidable conteur Michel Lonsdale à la fin des « Filles au Moyen Âge ». Les mille ans du Moyen Âge ont, dans notre imaginaire collectif d’aujourd’hui, cette image obscure qui ne correspond pas forcément à la réalité de l’époque. C’est le constat que fait le cinéaste Hubert Viel en observant au début de son film une scène d’enfants face à un jeu vidéo se situant au Moyen Âge où la femme n’est qu’une simple monnaie d’échange et permet même de collecter des points si elle est kidnappée…
En nous proposant un film pédagogique joué par des enfants, Hubert Viel s’est inspiré notamment de l’oeuvre de Régine Pernoud « La Femme au temps des Cathédrales ». Les femmes avaient en effet un statut souvent à l’égal de celui des hommes et, en tous cas, bien plus enviable de celui que les effrayants obscurantistes d’aujourd’hui veulent imposer. Le cinéma d’aujourd’hui ne cesse de dénoncer la place des femmes que certains souhaitent toujours rabaisser et qui semblent être les grandes perdantes de notre société dite moderne. On pense par exemple au récents « Fatima » , à « La Belle saison » ou à « Vierge sous serment » : que de femmes courageuses qui dépassent leurs conditions premières.
Dans « Les Filles au Moyen Âge » , le cinéaste opte pour un format original, le noir et blanc, et formidablement attachant, le conte. Dans une zone pavillonnaire, un vieux grand-père (Michael Lonsdale) narre l’histoire des femmes dans cette période d’avant la Renaissance. C’est alors que les enfants vont jouer les personnages du livre d’histoire: Jeanne d’Arc, Mélisandre, Clotilde, Eulalie, Irmingarde, Marie d’Anjou, Blanche, Agnès Sorel et Euphrosine, un personnage totalement fictif.
Le résultat donne un drôle de film, attachant et bien plus malin qu’il peut laisser pense en le dédiant aux femmes et aux enfants, ces moteurs de notre monde.
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