Parmi la dizaine de films ressortis sur le grand écran dans le cadre de la rétrospective « Forbidden Hollywood » – une série d’œuvres tournées entre 1929 et 1934 déjouant le fameux code de moralité Hays – revenons, après l’excellent « Jewel robbery » (1932) de William Dieterle, sur un film tout aussi savoureux, « The Mind reader » de Roy Del Ruth, sorti en 1933.
Dans l’Amérique de la Grande Dépression de 1929, Chandler (Warren William) cherche par tous les moyens d’engranger facilement de l’argent. Flanqué de son acolyte Franck (Allen Jenkins), les deux hommes sillonnent les fêtes foraines et s’improvisent arracheurs « sans douleur » de dents, vendeurs de solutions capillaires et, enfin, mages prédisant l’avenir à travers une boule de cristal. C’est sous le nom de Chandra désormais que Chandler officie alors que la recette semble fonctionner auprès d’un public trop crédule. Lors d’une de ses représentations itinérantes, la jeune Sylvia (Constance Cummings) devient la victime des deux charlatans, mais aussi l’aimée éperdue du mage Chandra.
« The Mind reader » est une comédie féroce sur un homme, sympathique au demeurant, prêt à tout pour gagner facilement de l’argent dans une Amérique en crise. Comme un écho à notre société d’aujourd’hui, Chandra incarne le libéral outrancier qui fait fi de la morale, sinon de celle du roi vert, et n’hésite pas à dépouiller les pauvres gens. D’ailleurs, Franck ne vante-il pas son art de sortir de la pauvreté plutôt que de faire la queue à la soupe populaire? Leur parcours mènera bientôt les deux hommes à New-York où le talent du docteur Munroe, la nouvelle identité de Chandler, s’exercera auprès des fortunées épouses de banquiers et d’hommes d’affaires.
Avec son rythme à toute allure, renforcé par les images de roues d’un train traversant les différents états que l’équipée chemine, « The Mind reader » est une comédie sarcastique et drôle, brillamment mise en scène par Roy Del Ruth et dont la photographie de Sol Polito rappelle le cinéma expressionniste de Fritz Lang. Le trio d’acteurs, avec l’excellent Warren William en tête, fait de « The Mind reader », malgré un final pour le coup trop moralisateur, une jouissive et irrévérencieuse comédie.
Ci-dessus: le mage Chandra (Warren William) lisant l’avenir dans sa boule de cristal.
Ci-dessus: Franck ((Allen Jenkins) et Sylvia (Constance Cummings) attentifs aux prédictions du mage Chandra (Warren William).
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