Adresse: 25-29 boulevard des Capucines à Paris (IIè arrondissement)
Nombre de salles: 7
Le 27 octobre 1976, le circuit UGC ouvre sur le boulevard des Capucines un nouveau complexe de sept salles intégrées dans les sous-sols de la Samaritaine de Luxe, une succursale du grand magasin du Pont-Neuf ouverte en 1927. Baptisé UGC Opéra, le multisalles est conçu sur deux niveaux par les architectes Valentin Fabre et Alberto Cattani. Le groupe cinématographique possède déjà dans ce quartier parisien le Helder (devenu UGC Boulevard) et le Caméo (devenu UGC Caméo).
Le Film français du 4 novembre 1976 commente l’ouverture du nouveau cinéma : « La création de ce cinéma a posé des problèmes de répartition des salles. En effet, il a fallu tenir compte d’une structure déjà existante et rigide. Malgré certaines difficultés, les architectes se sont attachés aux facilités de distribution, de circulation, de relation du public par rapport aux salles. En effet, dès l’entrée, les caissons directionnels permettent de sélectionner directement la file d’attente du film choisi. Et pour la première fois, les files d’attente seront à l’intérieur du complexe ».
La revue s’intéresse par la suite à la décoration « volontairement sobre qui joue sur les accords de couleur entre revêtement moquette et fauteuils. Pour la salle 1 : revêtement tête de nègre et fauteuils corail, pour la 2 : rubis et bourgogne, la 3 : marron-beige et châtaigne, pour la 4 : bleu et bourgogne, la 5 : noir et vert billard, la 6 : noir et bourgogne, la 7 : bleu et bleu olympique ».
Ci-dessus: cabine de projection d’une des salles en 1976.
Complexe moderne avec ses salles climatisées (276 fauteuils pour la plus grande salle, 198, 175, 139, 114, 89 et 84 fauteuils pour les autres), les sept cabines de projections sont automatisées et un contrôle général se fait « par télévision en circuit fermé Thompson ». A l’annonce de son ouverture, UGC confirme que son complexe proposera en permanence dans une de ses salles un film des studios Walt Disney.
La première affiche de l’UGC Opéra Samaritaine propose le chef d’œuvre d’Alain Delon, Monsieur Klein de Joseph Losey ainsi que Si c’était à refaire de Claude Lelouch, Le Bal des vampires de Roman Polanski, Godzilla 1980 de Jun Fukuda, Cours après moi que je t’attrape de Robert Pouret avec Annie Girardot et Jean-Pierre Marielle, Le Lauréat de Mike Nichols et la reprise de la production Disney L’Île sur le toit du monde de Robert Stevenson.
Ci-dessus: la première programmation de l’UGC Opéra la semaine du 27 octobre 1976.
Le complexe rencontre un grand succès car cette partie des Grands boulevards entre l’Opéra et la Madeleine est moins fournie en salles obscures. Les films programmés par UGC se succèdent, certains titres restent de longues semaines à l’affiche ce qui permet aux spectateurs retardataires de rattraper leur séance.
Parmi les nombreux films projetés à l’UGC Opéra, citons Barocco d’André Téchiné à partir du 8 décembre 1976, C’est toujours oui quand elles disent non de Norman Panama le 2 mars 1977, le western spaghetti italien Si ce n’est toi, c’est donc ton frère de Ferdinando Baldi le 30 novembre 1977, Le Cercle infernal de Richard Loncraine le 3 mai 1978, L’Ultimatum des trois mercenaires de Robert Aldrich le 10 décembre 1978, Cause toujours… tu m’intéresses ! d’Édouard Molinaro le 18 avril 1979, Le Mariage de Maria Braun de Rainer Werner Fassbinder le 16 janvier 1980, Les Blues Brothers de John Landis le 26 novembre 1980, La Vie en mauve de Jean-Claude Tramont le 16 septembre 1981, Le Choc de Robin Davis le 28 avril 1982, E.T., l’extra-terrestre de Steven Spielberg le 1er décembre 1982, Au nom de tous les miens de Robert Enrico le 9 novembre 1983, La Pirate de Jacques Doillon avec Jane Birkin et Maruschka Detmers le 23 mai 1984, Paroles et Musique d’Élie Chouraqui le 19 décembre 1984 ou bien Terminator de James Cameron le 24 avril 1985.
Ci-dessus: Monsieur Klein de Joseph Losey le 27 octobre 1976.
Ci-dessus: Barocco d’André Téchiné le 8 décembre 1976.
Ci-dessus: Pour cent briques t’as plus rien… d’Edouard Molinaro le 12 mai 1982.
Ci-dessus: un des derniers films de l’UGC Opéra, La Belle et le clochard des studios Disney le 22 mai 1985.
L’UGC Opéra assure également les prolongations des succès des salles voisines qui sont programmées par UGC, en particulier celle du Grand Rex pour les prolongations des films des studios Disney.
L’immeuble Art nouveau qui abrite le cinéma est racheté par un groupe d’investissement qui ne prévoit pas le cinéma dans son projet immobilier. Un accord intervient entre UGC et le groupe d’investissement pour une résiliation anticipée du bail.
L’aventure de l’UGC Opéra se termine ainsi prématurément. La dernière affiche a lieu le 28 mai 1985 avec les séances de Liberté, Égalité, Choucroute de Jean Yanne qui y réalise pour sa dernière semaine 485 entrées, La Maison et le Monde de Satyajit Ray (541 entrées) en version originale, Poulet au vinaigre de Claude Chabrol (584 entrées), Rendez-vous d’André Téchiné (1 178 entrées), That’s dancing ! de Jack Haley Jr. (617 entrées), Adieu blaireau de Bob Decout (315 entrées) et enfin La Belle et le clochard de Walt Disney (837 entrées).
A la disparition du complexe UGC « Samaritaine » du boulevard des Capucines, le Caméo et le Helder arborent l’enseigne UGC Opéra.
Textes: Thierry Béné.
Documents: Le Film français, Pariscope.
Les salles étaient équipées de projecteurs FEDI. Une nouveauté à Paris. J’ai retrouvé ces machines aux Ecrans à Montargis. Ils fonctionnaient très bien..
Merci pour vos encouragements, nous n’avons pas (encore) trouvé de photos des salles.
Désormais un hôtel de luxe assez beau, administré par l’équipe du Grand Hôtel en face.
dire que j’ai fréquenté ce cinéma assidument, pour une raison simple: les interdictions (aux moins de 18 ans) n’étaient pas vraiment respectées, ou du moins de façon aléatoire. J’y ai vu « 1900 » « Au-dela du bien et du mal » à leur sortie, j’avais 14 ans. Je leur en serai toujours reconnaissant. De plus, les salles que j’ai connues étaient assez petites, mais suffisamment grandes pour qu’on se sente quand même au cinéma, les écrans restaient malgré tout de taille raisonnable. Quand j’ai commencé à travailler (une filiale de Mediavision) j’avais une carte d’accès permanent pour 2 personnes et principalement pour ce cinéma. C’est dire si j’ai avalé quasiment tout ce qui y passait durant sa courte carrière.
Merci beaucoup pour cet article sur cet ancien cinéma parisien peu médiatisé. Dommage qu’il n’y ait pas de photos des salles.