Adresse: 187, rue Jean Jaurès à Brest (Finistère)
Nombre de salles: 8
Création: 1951
Cartes d’abonnement CGR acceptées
Ce grand cinéma de huit salles se situe dans une des artères principales de Brest. Ce cinéma à la façade faite de moucharabieh était la propriété de la famille Holley, à l’instar de l’ancien cinéma Comoédia, fermé en 1991, qui sera bientôt reconverti en théâtre.
Le Celtic ouvre en 1933 et devient l’une des salles les plus importantes de Brest durant les années 1930. La salle est entièrement détruite par les bombardements d’août et de septembre 1944, tout comme l’Omnia-Pathé, rue de Siam, le Tivoli rue Jean Jaurès, l’Océan, rue Amiral-Linois et l’Olympia, rue Saint-Pierre-Quilbignon. Edmond Merelle, propriétaire du Celtic le fait reconstruire en 1950.
Ci-dessus: la façade du Celtic en 1951.
Ci-dessus: la salle du Celtic en 1951, alors mono-écran.
La nouvelle salle est inaugurée en juin 1951 au cours d’une grande soirée de gala à laquelle assistent la plupart des personnalités civiles et militaires de la ville. Le magazine La Cinématographie française commente l’ouverture du nouveau Celtic: « conçu et décoré par Henri Joubert architecte, le Celtic se présente comme une salle de 1 850 places, comprenant orchestre, mezzanines et balcon : 60 mètres de longueur et 13 mètres de largeur. On y accède par un vaste hall de 170 mètres carrés en rotonde et dont la muraille est couverte par une fresque traitée par Madame Joubert et Monsieur Warner d’après les cartons de monsieur Joubert: cette fresque comme d’ailleurs tous les éléments décoratifs du cinéma illustre de vieilles légendes celtiques ».
Ci-dessus: le vaste hall du Celtic en 1951 avec les fresques imaginées par Henri Joubert.
Puis la revue commente les particularités de la nouvelle salle: « la salle est en cuvette. Les murs et le plafond sont rendus d’un tissu incombustible de couleur cyclamen. Ils sont formés de panneaux imbriqués; chacune des gorges de ces panneaux forme une source lumineuse indirecte et chaque panneau est frappé de plusieurs gros cabochons blancs ciselés, reproduisant un motif d’entrelacs d’inspiration celte. De part et d’autre du cadre de scène (13 mètres à l’ouverture, 9 mètres de profondeur), on remarque deux grands dragons tenant entre leurs pattes une jeune femme. Ces deux groupes, hauts de 4m50, symbolisent eux aussi une page de l’histoire celtique. Ils sont dus aux ciseaux d’un excellent sculpteur, M. Le Grelle ».
L’équipe technique comprend deux projecteurs standard, puis un autre projecteur 16mm. En effet, Edmond Merelle reprend ce qui faisait le succès avant-guerre: les actualités locales. Avec un écran de 8m45 sur 6m20, le Celtic est une salle aux proportions harmonieuses « où les Brestois bénéficieront des derniers perfectionnements de la technique moderne, notamment de la climatisation automatique ». La Cinématographie française poursuit en évoquant une nouveauté technique: « Monsieur Merelle a pensé aussi aux personnes dures d’oreille qui hésitent à se rendre au cinéma. Dix fauteuils spéciaux ont été aménagés à leur attention. Sur une prise de courant fixée à leur siège, ils brancheront le casque qui leur a été remis à l’entrée. Le son est transmis directement du lecteur de son à cet écouteur.
Mais le Celtic a un autre atout unique qui plaît à l’âme bretonne de ses spectateurs: ses vastes fresques peintes par Hélène Joubert et Georges Warner, décorant son hall, ses escaliers et le foyer de l’orchestre. La Cinématographie française commente le 27 octobre 1951: « la druidesse Velléda cueillant le gui et appelant les guerriers aux armes; le dragon de Betz soumis à Saint-Pol-de-Léon; le Roi d’Ys, Gradlon, fuyant avec sa fille Dahui, que Saint-Guénolé précipite et qui devient sa sirène Ahès; l’apparition de la jument de Saint Roman; la légende de Conomor, Roi de Brest qui égorgea ses six femmes et mourut de la main de Judual, son fils; Aeénor fille d’Even, prince de Léon et seigneur de Brest, condamnée et sauvée par les anges; Les Chevaliers de la Table Ronde partant à la conquête du Saint Graal; les débats du Roi Artur et de Merlin l’enchanteur, de la Reine Guenièvre et du chevalier Lancelot du Lac; les évocations de la Fée Viviane dans la forêt de Brocéliande; le saut de Saint Michel, l’épée du Roi David; la merveilleuse histoire de la tour qui croule et la lutte de Vortigen l’usurpateur et de Pendragon son vainqueur ».
Ci-dessus: les célèbres fresques du Celtic, ici en 2012, ont été recouvertes par l’actuel exploitant.
Ci-dessus: une applique lumineuse en forme de bateau dans la salle 1 du Celtic.
Ci-dessus: la salle 1 du Celtic en 1988.
Ci-dessus: « Andalousie » fait l’ouverture du cinéma reconstruit en 1951.
Le programme d’ouverture est le film « Andalousie » de Robert Vernay avec l’une des grandes vedettes de l’époque Luis Mariano et au même programme « de belles attractions de classe internationale ».
Le Celtic redevient l’un des grands cinémas brestois avec un accès aux films les plus importants à l’instar de son principal concurrent l’Omnia. De nombreux spectacles, des représentations théâtrales ou de music-hall, complètent la programmation, comme cela se faisait dans les grands cinémas de province. Les brestois applaudissent Coluche, Michel Fugain ou encore Adamo.
Ci-dessus: la façade du cinéma Celtic en 2012.
Les cinémas Pathé-Gaumont reprennent le Celtic et le transforment en un complexe de huit salles, ce qui le sauve de la fermeture. L’Omnia et l’Eden baissent quant à eux leurs rideaux. Avec l’arrivé du multiplexe Liberté ouvert par la société CinéAlpes de Gérard Davoine, le Celtic voit sa fréquentation baisser.
Racheté par le réseau des cinémas CGR en 2015, le doyen des cinémas brestois ferme du 9 juillet 2018 au 6 février 2019 pour une rénovation complète des espaces communs et des salles ainsi que la création d’une salle ICE pour jouir d’une expérience immersive. Les fresques du hall ont été recouvertes, tandis que le balcon du hall et la façade en moucharabieh ont été heureusement préservés.
Capacité du cinéma CGR Celtic de Brest:
- Salle 1: 140 fauteuils
- Salle 2: 151 fauteuils
- Salle 3: 62 fauteuils
- Salle 4: 51 fauteuils
- Salle 5: 56 fauteuils
- Salle 6: 84 fauteuils
- Salle 7: 228 fauteuils
- Salle 8 ICE : 91 fauteuils
Remerciements: M. Thierry Béné.
Documents: La Cinématographie française, Le Film français, Collection personnelle.
Merci pour cet article très riche; le CELTIC est un cinéma historique qui mérite le détour, ne serait-ce que pour sa façade.
Je ne savais pas que la fresque avait été supprimée: c’est incroyable que personne ne se soit opposé à cette destruction d’éléments des années 1950.