Lorsqu’en 1972 Le Dernier tango à Paris sort sur les écrans français, le film provoque un scandale. Sa jeune actrice, Maria Schneider (Anamaria Vartolomei), fille de Daniel Gélin (Yvan Attal), subit la violence d’un tournage sulfureux aux scènes sexuelles crues, sous l’œil de son réalisateur Bernardo Bertolucci (Giuseppe Maggio) et avec la complicité de la star Marlon Brando (Matt Dillon).
Adapté du récit de Vanessa Schneider Tu t’appelais Maria Schneider (Éditions Grasset), le film de Jessica Palud revient sur la carrière débutante de la jeune actrice, élevée par sa mère, qui retrouve à l’âge de 16 ans son père Daniel Gélin. Fascinée par les plateaux de cinéma, la jeune femme mineure – la majorité est alors à 21 ans – est choisie par celui qui bouscule le cinéma transalpin, déjà célèbre pour Les Recrues (1962) et Le Conformiste (1970). Au nom d’un cinéma où le personnage doit exprimer sa vérité, l’actrice est manipulée par le réalisteur démiurge.
Jessica Palud filme l’humiliation subie par la comédienne lors du tournage du Dernier tango et le traumatisme que ce film va provoquer sur la jeune désenchantée qui se réfugiera rapidement dans les paradis illusoires de la drogue. Pour interpréter Maria Schneider, il fallait une comédienne incarnée: Anamaria Vartolomei, révélée dans L’Evénement (Audrey Diwan, 2021) et vue récemment dans L’Empire (Bruno Dumont, 2024) est stupéfiante aux côté d’un Matt Dillon parfait en Marlon Brando désabusé.
Portrait tragique d’une comédienne détruite par le milieu du cinéma, à une époque où la libération des mœurs n’empêchait pas le patriarcat, Maria est aussi et surtout le cri de désespoir de ces femmes que la société d’hier – mais aussi celle d’aujourd’hui avec le retour du rigorisme religieux – piétine.
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