Avant la version de Chaude Chabrol sortie en 1969, le roman The Beast Must Die (1938) de Nicholas Blake – le père de l’acteur Daniel Day-Lewis – avait été porté à l’écran par le cinéaste uruguayen Román Viñoly Barreto. Cette production argentine de 1952, qui reprend les codes du cinéma hollywoodien de l’après-guerre, est un formidable polar vengeur.
Le jour de son anniversaire, Felix Lane (Narciso Ibáñez Menta), auteur de romans policiers, perd son jeune fils dans un accident causé par un chauffard de la route. Effondré, il va mener l’enquête pour entrer en contact avec l’assassin, un parvenu nommé Jorge Rattery (Guillermo Battaglia). En séduisant la belle-sœur de Rattery, la comédienne Linda Lawson (Laura Hidalgo), il est admis dans le cercle familial…
Après la comédie macabre Le Squelette de madame Moralès (Rogelio A. Gonzalez, 1960) venue du Mexique, Les Films du Camélia déterrent un trio de polars argentins dont La bestia debe morir fait partie. Si on pense évidemment au film de Chabrol, Román Viñoly Barreto se démarque en prenant le temps d’installer son intrigue avant le fatal accident et en présentant au spectateur « la bête » avant que Felix ne la découvre… Cette dernière, abjecte, est détestable à souhait. En face, un duo de victimes: le distingué Felix et la pulpeuse Linda. Cette dernière subit les insistances de l’immonde Rattery.
Bien rythmé et parfaitement calibré, cette pépite du polar argentin bénéficie – outre son casting impeccable – d’une réalisation minutieuse et efficace qui rappelle le meilleur de Fritz Lang ou d’Alfred Hitchcock. Le générique de début et de fin de Que la bête meure reprend un passage de l’Ecclésiaste de la Bible: « Car le sort des fils de l’homme et celui de la bête sont pour eux un même sort ; comme meurt l’un, ainsi meurt l’autre, ils ont tous un même souffle, et la supériorité de l’homme sur la bête est nulle ; car tout est vanité. »
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