A 70 ans, Mahin (Lily Farhadpour), mène une vie solitaire à Téhéran. Veuve depuis des années, éloignée de sa fille qui vit à l’étranger, Mahin invite chez elle ses amies de longue date. Mais les rendez-vous sont de moins en moins fréquents. Pourtant, la septuagénaire décide de provoquer une rencontre amoureuse avec un homme. C’est alors qu’elle fait la connaissance dans un restaurant de retraités de Faramarz (Esmail Mehrabi), un chauffeur de taxi célibataire.
Et si Mon gâteau préféré était le pendant des Graines du figuier sauvage ? En effet, le film du duo de cinéaste Maryam Moqadam et Behtash Sanaeeha – empêchés de sortie du territoire – rappelle le besoin irrépressible de liberté des jeunes femmes du chef d’œuvre de Mohammad Rasoulof, exilé. La femme de Mon gâteau préféré, elle, a 70 ans et ne veux subir ni le temps qui passe, ni les mollah du régime iranien. S’opposant à la police en train d’arrêter des jeunes filles pas assez voilées, draguant ouvertement un homme qui lui plaît, Mahin est une véritable héroïne de l’Iran d’aujourd’hui où les femmes sont avilies et soumises à la loi coranique. Qui est aussi celle des hommes, évidemment.
Pétillante, coquette, entreprenante, Mahin est interprétée par l’extraordinaire Lily Farhadpour – actrice et militante pour les droit des femmes en Iran – qui incarne une femme libre dans un monde obscur. Mahin et Faramarz s’autorisent les jeux de la séduction, l’ivresse du vin, la joie de la danse et de la musique. Et, peut-être, les plaisirs retrouvés du sexe. Les jeunes cinéastes Maryam Moqadam et Behtash Sanaeeha ne convoquent-ilspas dans leur beau film les préceptes du poète perse Omar Khayyām (1048-1131)?
Tourné en quasi huis clos dans l’appartement et le jardin de Mahin, Mon gâteau préféré est non seulement une ode courageuse à la célébration de la liberté mais aussi un film formellement abouti. Les danses des deux amis sont les plus belles scènes de joie que le cinéma ne nous avait longtemps transmises.
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