Dans un bel hôtel reculé des Pyrénées, Jacques Couvreur (Jean-Pierre Bacri) embauche un jeune stagiaire, Frédéric (Vincent Rottiers), au passé de délinquant. Une nuit, un client disparaît. La police enquête. Une étrange relation va se nouer entre le patron et son employé.
C’est le second film de Raphaël Jacoulot après un film d’auteur, « Barrages ». Ici, le réalisateur nous livre une belle œuvre, maîtrisée de bout en bout et largement accessible, dans un genre de prédilection qu’affectionne le cinéma français: le polar.
Une touche particulièrement appréciable est apportée à l’environnement du film: le personnage principal est avant tout cet austère bâtisse à la frontière espagnole, en pleine montagne. L’environnement, froid et neigeux, ajoute à la palette du genre. Les routes sinueuses et enneigées, filmées de jour comme de nuit, sur une musique d’André Dziezuk, donnent à l’ensemble un bel esthétisme.
Dans cet établissement, un patron règne en maître auprès de son personnel comme de sa famille, qui habite également l’hôtel. Jean-Pierre Bacri est parfait dans ce rôle détestable (différent de son précédent opus, « Adieu Gary »). Habitué des rôles de jeunes hommes perdus (le dernier en date « Je suis heureux que ma mère soit vivante »), Vincent Rottiers heureusement surprend grâce à l’ambiguïté de son personnage. Sylvie Testud, en inspecteur de police, apporte la touche comique à l’ensemble du film. Autour du duo, les salariés et la famille assistent à l’étrange manège qui s’installe à l’hôtel. De la mère (Ludmila Mikaël) au fils, en passant par les compagnes et grand-père (quel plaisir de retrouver François Perrot, cabot à souhait!), ce petit monde est déstabilisé.
Si d’aucun dise qu’Avant l’Aube lorgne du côté de Chabrol, c’est évident: la description méticuleuse de la bourgeoisie provinciale est savoureuse. Mais c’est surtout du côté de Georges Simenon qu’il faut aller chercher: Raphaël Jacoulot nous procure un vrai plaisir en croquant la sourde lutte de classes, sur fond de petitesse des uns des autres: un patron calculateur et irascible, un employé fasciné et envieux. Chabrol et Simenon, deux belles références en tous cas !
Bref, « Avant l’aube » est un polar comme on les aime: un scénario maîtrisé, une réalisation fluide, une ambiance à la Simenon et des acteurs épatants, Jean-Pierre Bacri en tête.
Ci-dessus: le personnage principal du film « Avant l’Aube », le Grand Hôtel des Airelles. Pour le tournage du film, l’équipe a choisi l’Hôtel Vignemale à Gavarnie, dans les Hautes-Pyrénées, au sud de Lourdes.
Ci-dessus: une belle confrontation entre Jean-Pierre Bacri et Vincent Rottiers.
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