5 salles de cinéma, 1 livre.

C’est un heureux projet que proposent les éditions Loco et le réseau de salles indépendantes Les Ecrans de Paris: un beau livre qui relate l’histoire de cinq cinémas de quartier, tous situés dans des arrondissements différents de la capitale.

La promotion de l’ouvrage a été en partie financée grâce au crowdfunding (financement participatif) de passionnés et de cinéphiles dont les auteurs de Salles-cinema.com, à travers la plateforme Ulule.

Salles-cinema.com a ainsi reçu – et évidemment dévoré – l’ouvrage de plus de 150 pages illustrées de très belles photos de Jean-Christophe Husson et agrémentées de documents d’archives. Les passionnants récits des auteures Fabienne Waks et Sylvie Setier nous embarquent dans l’univers fascinant des salles obscures depuis leur inauguration au siècle dernier, avec les plans d’architectes publiés, jusqu’au travail de programmation actuel en passant par les heures sombres de la dernière guerre où les salles parisiennes ont été pour la plupart mises en sommeil.

« Drôles de salles, cinq cinémas de quartier » retrace ainsi la vie des cinémas  ci-après:

L’Escurial, un cinéma de deux salles dans le quartier des Gobelins;

Le Reflet Médicis, un cinéma de trois salles dans la plus cinéphile des artères, la rue Champollion;

L’Arlequin, un cinéma de trois salles sur la rue de Rennes;

Le Majestic Bastille, un cinéma de deux salles à deux pas de la colonne qui trône au milieu de la place de la Bastille;

Le Majestic Passy, un cinéma de trois salles en plein cœur du 16ème arrondissement.

Ces cinq cinémas indépendants sont la propriété du réseau Les Ecrans de Paris dont l’énergique Sophie Dulac, par ailleurs distributrice de films rares et exigeants, est à la tête.

aks, Sylvie Setier et Jean-Christophe Husson (photographies) Drôles de salles. Cinq cinémas de quartier et toute une histoire. Editions Loco

Cinq cinémas qui ont une histoire.

La particularité de ces cinq cinémas, c’est qu’ils ont traversé les décennies mouvementées et souvent fatales de la vie des salles parisiennes, depuis la pellicule jusqu’au numérique. Il y a eu l’époque où les salles de quartier émaillaient les quartiers de la capitale et celle où, souvent dans l’indifférence, des cinémas ont baissé leurs rideaux par dizaine.

Toujours debout, ce « club des cinq » doit sa survie grâce à leurs emplacements privilégiés et à la qualité des films programmés. Surtout, ils ont misé sur une philosophie qui envisage la salle de cinéma comme un lieu de vie, un carrefour d’émotion et de rencontres.

Le plus ancien des cinq cinémas des Ecrans de Paris est l’Escurial qui, construit en 1911, porte alors le nom de cinéma Le Royal. La salle, construite à deux pas du très animé carrefour des Gobelins, est initiée par M. Sylvestre, un exploitant qui possède déjà le Paris-Cinéma sur l’avenue de Saint-Ouen. En 1935, le nouveau propriétaire renomme le cinéma l’Escurial, un nom à la mode hispanisante comme bon nombre de salles françaises telles que les Miramar, Eldorado et autres Alhambra.

Dans les années 1930, c’est au tour du Lux, futur Arlequin, et du Bastille-Palace, qui sera renommé Majestic-Bastille, de sortir de terre. Le premier est inauguré en 1934 au sous-sol de l’immeuble de la Compagnie parisienne de distribution d’électricité, érigé sur la rue de Rennes entre Montparnasse et Saint-Germain-des-Prés. Le second dévoile la même année sa vaste façade de béton décorée de grands néons rouges du nom de la salle de 500 fauteuils: Cinéma Bastille-Palace.

Quant au Royal-Passy, qui deviendra le Majestic-Passy, son exploitation est lancée juste avant-guerre au sein d’un immeuble d’habitation et de commerces de la rue de Passy. Le Reflet Médicis est le dernier-né des cinq cinémas du réseau indépendant: avant d’être voué à l’exploitation cinématographique en 1957, la salle Les Noctambules accueille des représentations théâtrales. Le cinéma actuel, un des premiers classé Art et Essai, est la réunion des Noctambules ainsi que de deux salles de la rue Champollion: le Logos et le Médicis.

Les Ecrans de Paris, des cinémas attachants et exigeants.

Ces cinq cinémas, aujourd’hui associés, ont été lancés par des personnalités revendiquant déjà un cinéma exigeant: des salles confortables, des espaces de restauration (foyer, bar) et une programmation alléchante. Aujourd’hui, Les Ecrans de Paris perdurent la tradition du cinéma de quartier, source inépuisable de découvertes cinématographiques, d’émotions sur grand écran et de débats de société.

L’Escurial: deux salles de 244 et 85 fauteuils.

Le Reflet Médicis: trois salles de 150, 128 et 94 fauteuils.

L’Arlequin: trois salles de 395, 102 et 98 fauteuils.

Le Majestic Bastille: deux salles de 254 et 102 fauteuils.

Le Majestic Passy: trois salles de 318, 171 et 148 fauteuils.

Fabienne Waks, Sylvie Setier et Jean-Christophe Husson (photographies)
Drôles de salles. Cinq cinémas de quartier et toute une histoire.
Editions Loco
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Fabienne Waks, Sylvie Setier et Jean-Christophe Husson (photographies) Drôles de salles. Cinq cinémas de quartier et toute une histoire. Editions Loco

Photos: éditions Loco.

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