C’est le cinéma historique de La Rochelle – et l’un des plus anciens de France. Depuis le début de l’année 2020 et à la suite d’un dégât des eaux qui nécessita sa fermeture temporaire, l’Olympia n’a pas rouvert ses portes, même entre les deux confinements de juin à octobre dernier. Depuis, l’exploitant CGR s’est retiré des lieux qui, pourtant, ont été le témoin d’une grande aventure pour son fondateur Georges Raymond.
En 1913, en face de la place de Verdun, un nouveau théâtre cinématographique est inauguré à l’emplacement d’une piste de skating en plein air. Avec le Café de la Paix qui partage sa façade (aujourd’hui classée) et ses espaces, l’Olympia-Cinéma devient le lieu incontournable des sorties des rochelais. Dans la salle, les traditionnelles attractions sont programmées avant la projection du grand film et les inter-séances permettent aux spectateurs de se rafraîchir au Café de la Paix.
Un entrepreneur natif de Saintes, Georges Raymond, reprend l’Olympia en 1973 et pose rue Chaudrier les premières pierres de son empire. C’est donc à La Rochelle que le nouvel exploitant, qui gérait déjà quelques salles dont une à Civray (Vienne), inaugure son réseau de salles de cinéma. L’Olympia est donc symboliquement le cinéma où l’aventure du Circuit Georges-Raymond a commencé, ce qui n’a pas empêché les dirigeants actuels de CGR Cinémas, le plus important circuit français en nombre de salles, de se séparer l’année dernière, vingt ans après la mort de leur fondateur, des trois salles du site loué à la famille Gallo.
Grâce à un collectif réuni autour du cinéphile rochelais Pierre Laudijois, l’attention s’est enfin portée sur la salle historique de La Rochelle avec ses 400 fauteuils (autrefois près de 600), répartis dans l’orchestre et le balcon, ses murs noirs décorés de bas-reliefs aux motifs maritimes et ornés de dorures. Cette salle si emblématique des petits palaces cinématographiques n’avait à l’époque rien à envier aux luxueuses salles parisiennes. Elle reste aujourd’hui un témoignage précieux de l’exploitation cinématographique durant l’Âge d’or du cinéma.
A l’heure où les centres-villes doivent retrouver une nouvelle vitalité, il serait incompréhensible que l’Olympia rejoigne la liste des cinémas rochelais définitivement fermés: l’Apollo-Palace (34 bis rue Thiers), le Français (9 rue du Raisin), le Paris (30 rue du Minage) ou le Richelieu (14 rue Amirault)…
L’action du collectif et des nombreux pétitionnaires porte peu à peu ses fruits: la mairie, qui n’envisage malheureusement pas le rachat de la salle, entend être un « facilitateur » pour le futur repreneur et souhaite que l’Olympia soit dédié à un projet culturel. Surtout, l’espoir vient de la DRAC Nouvelle-Aquitaine qui a ouvert un dossier pour le classement de la salle à l’inventaire des monuments historiques.
Pierre Laudijois et ses amis rêvent aujourd’hui à la réouverture de la salle, idéalement intégrée dans un projet culturel avec le musée des Beaux-Arts dont le jardin jouxte l’Olympia. Il est permis d’espérer.
Ci-dessus: le Café de la Paix et l’Olympia-Cinéma font partie du même ensemble situé place d’Armes (aujourd’hui place de Verdun).
Ci-dessus: la salle de l’Olympia dans les années 1930 (photo Morillon).
Ci-dessus: la salle vue du balcon de l’Olympia en 2020.
Ci-dessus: détail de la décoration de la salle de l’Olympia en 2020.
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