Adresse:  5  rue de la Liberté à Nice (Alpes Maritimes)
Nombre de salles: 1, puis 2 sous l’enseigne Paramount.

Le vendredi 12 novembre 1920 ouvre à Nice au 5 de la rue du Maréchal Pétain, plus tard renommée rue de la Liberté, une nouvelle salle de cinéma: Le Mondial. Le quotidien local Le Petit Niçois évoque dans son édition du lendemain l’inauguration du Mondial: « Il y eut hier soir une très nombreuse et très élégante chambrée pour assister à l’inauguration du Mondial-Cinéma. De cette première soirée, le public a emporté une impression enthousiaste. La salle du Mondial est vaste, confortable et luxueusement installée. Ce n’est pas un ciné banal mais un véritable petit théâtre, coquet comme un boudoir et doté de toutes les améliorations que le modernisme exige de ce genre d’établissements. Du programme, nous ne dirons qu’un mot, il fut parfait ; et pour le compléter le plus heureusement du monde, il y avait un orchestre de choix qui sut adapter de la bonne musique à des films excellents. M. Cabanna est un heureux directeur que nous félicitons volontiers de l’effort artistique qu’il vient d’accomplir avec un rare bonheur. Et nous nous en voudrions d’oublier dans nos éloges M. Dalmas fils, architecte plein de goût, à qui sont dus les plans du nouveau cinéma Niçois ».

Ci-dessus: le cinéma Mondial dans les années 1930.

Ci-dessus: « La Foule hurle » avec Jean Gabin à l’affiche du Mondial en 1932.

Le Mondial, une nouvelle salle niçoise de 800 fauteuils.

Le premier programme du Mondial est composé du film de Léon Poirier « Le Penseur » d’après un scénario fantastique d’Edmond Fleg puis du film « La Poupée vivante » avec June Caprice. Le programme suivant à partir du 19 novembre 1920 fête l’Armistice et propose « Les Dirigeants » de Charles Ray, « La Révoltée Maxa » du Grand Guignol, Guilhène de la Comédie Française puis Max Linder dans « Le Feu sacré ». Ces programmes en vogue alors dans les années 1920 intègrent plusieurs courts-métrages ainsi que des attractions sur scène. On peut ainsi, la semaine du 9 novembre 1921, applaudir au Mondial Mary Pickford dans « Peppina », une « comédie dramatique où la mafia poursuit ses exploits de l’ardente Sicile à la calme Amérique » et le comique Biscot dans « Le Collier de l’impératrice » .

L’affiche du Mondial propose plus tard des œuvres devenues depuis des grands classiques du cinéma comme, la semaine du 30 décembre 1925, « Fiancées en folie » de Buster Keaton en double programme avec « Les Rois en exil » de Victor Sjostrom et, en première exclusivité, « Feu Mathias Pascal » de Marcel L’Herbier le 21 octobre 1927. La salle s’allie avec le Cinéma du Casino Municipal pour exploiter le grand succès de l’Impérial-Pathé à Paris, « Metropolis » de Fritz Lang à partir du 2 décembre 1927.

Ci-dessus: Metropolis de Fritz Lang à l’affiche en 1927 des cinémas Mondial et Casino Municipal.

Dans les années 1930, le Mondial est géré par la société des Établissements Braunberger-Richebé et devient la salle de sortie à Nice des productions maison. La revue Cinéma, « la première revue de grand luxe du cinéma français », évoque en février 1932 l’inauguration du Mondial organisée par son nouveau gérant: « Les établissement Braunberger-Richebé poursuivant une politique d’exploitation cinématographique qui leur fait honneur, viennent d’inaugurer une salle qui compte parmi les plus belles du littoral méditerranéen. En présence du Préfet, de Monsieur Jean Médecin, Maire de Nice et de ses adjoints, des notabilités et des représentants des deux grands journaux, « L’Éclaireur de Nice » et « Le Petit Niçois », s’est rouvert récemment le Mondial-Cinéma dans la rue du Maréchal Pétain à quelques pas de l’avenue de la Victoire et de la place Masséna. L’ancien Mondial, bien connu des Niçois, a été transformé sur des données modernes et scientifiques indispensables à l’exploitation cinématographique actuelle, où tout, même dans les moindres détails, doit être orienté vers la perfection. Les travaux ont eu lieu sous la direction de MM Nicolas, architecte, et Hartmann décorateur. Les lignes sont sobres mais d’une simplicité très élégante, qui font du Mondial la salle la plus chic de Nice. L’éclairage indirect, par plans successifs, fait ressortir toute la délicatesse des ors mats, des fresques en pointe sèche et des soubassements peints d’une couleur semblable à celle des roches de l’Estérel. La salle qui compte 800 places, aménagées par Gallay, avec de confortables fauteuils silencieux, est divisée en orchestre et en balcon. Le problème important de la ventilation a été résolu par l’adoption d’un système parmi les meilleurs qui assure une aération rationnelle et hygiénique. Se basant sur l’expérience prouvée maintes fois, que le meilleur film parlant est rendu détestable par une reproduction sonore défectueuse, l’installation de la cabine a été confiée à Western Electric pour le son et à Brockliss pour la projection. On accède à la salle par un large hall, dont le plancher est entièrement recouvert de mosaïque. La décoration, dans les tons ocres, est éclairée indirectement. L’encadrement de la façade est constitué par trois plans d’aluminium éclairés latéralement et surmontés d’une enseigne lumineuse verticale de trois mètres fonctionnant au néon. Ne désirant faire qu’une chose et bien la faire, la direction du Mondial ne présentera que des spectacles uniquement cinématographiques choisis parmi les meilleurs. Le spectacle d’ouverture fut cette excellente « Mam’zelle Nitouche » qui après Paris, Marseille, Toulouse et autres grandes villes, triompha pendant 3 semaines à Nice. Le service du vestiaire est gratuit et les pourboires sont naturellement interdits. Seul le programme est vendu; mais celui-ci, très luxueusement édité, est presque un magazine ».

A raison de deux séances par jour – 14h30 et 21 heures – et avec deux matinées le dimanche, le programme du Mondial inclut les actualités de la Fox. Les productions Braunberger-Richebé sortent au Mondial comme « La Chienne » de Jean Renoir le 6 janvier 1932, « La Petite chocolatière » réalisé par Marc Allégret avec Raimu à l’affiche le 9 mars 1932 pour cinq semaines, « Fantômas » de Paul Fejos le 13 avril 1932, « Le Blanc et le noir » de Robert Florey et Marc Allégret avec Raimu le 13 juillet 1932, etc. On peut y applaudir également le film de Marcel Pagnol « Fanny » dès le 21 décembre 1932.

Ci-dessus: pavé de presse pour le film « Fanny » de Marcel Pagnol.

Ci-dessus: à l’affiche du Mondial, « Scarface » sorti le 26 octobre 1932 et la version française tournée à la UFA de  « Georges et Georgette » sorti le 9 mars 1934.

En 1934, « la salle la plus chic de Nice » est opérée par la SOFRECI (Société Françaises d’Exploitation Cinématographique) et propose régulièrement les versions tournées en français de productions allemandes réalisées dans les studios berlinois de l’Universum Film AG (UFA) comme « La Chanson de l’adieu » d’Albert Valentin qui sort le 19 décembre 1934.

Après avoir été géré par la société Braunberger-Richebé, puis par M. Delaeter associé à M. Jean Peres, le Mondial est racheté en 1937 par Mme Khan, la directrice et propriétaire du grand cinéma niçois l’Escurial. Edmond Epardau dans La Cinématographie française commente cet événement: « La salle de la rue du Maréchal Pétain sise en plein centre commercial de Nice est l’une des plus modernes et des plus élégantes de la région. Doté de 800 fauteuils très confortables, Le Mondial fut toujours réservé aux premières visions (…) » M. Rousseau qui seconde Madame Khan dans la direction de l’Escurial et désormais du Mondial commente dans le même article: « Nous continuerons à passer des exclusivités au Mondial, sans modifier en quoi que ce soit l’accord qui lie l’Escurial avec le Rialto pour le doublage (fonctionnement en tandem d’exclusivité) des grands films ». M. Rousseau évoque ensuite la guerre des prix des places que vient de déclencher le Paris-Palace devenant permanent et proposant des places à 3 francs: « Il est probable que les directeurs niçois n’arrivent pas à s’entendre. Diminuer le prix des places alors que tous les frais d’exploitation augmentent constitue un véritable paradoxe. Nous espérons bien que notre collègue ne persistera pas dans son attitude préjudiciable à tous. Et voici maintenant la suppression obligatoire du pourboire qui va encore compliquer le problème. Comment l’exploitation fera t’elle face à cette nouvelle difficulté ?« 

Les studios américains pratiquent dans les années 1930 le « block-booking » pour obliger les exploitants français à diffuser leurs productions par lot. Pour pouvoir exploiter les films à fort potentiel, les contrats exigent pour les obtenir de diffuser les autres productions de films mineurs, moins rentables et la plupart du temps à l’affiche en double-programme. En 1937, le Mondial signe ces contrats avec la Metro-Goldwyn-Mayer, la Warner et l’allemande Tobis Film. Cette année-là, quatorze productions de la M.G.M. et cinq grands films Tobis sortent en exclusivité au Mondial. Parmi eux, « Port Arthur » de Nicolas Farkas avec Danielle Darrieux le 21 janvier 1937 et trois films de Sacha Guitry réalisés la seule année 1937: « Faisons un rêve » le 4 février, « Mon père avait raison » le 25 mars et « Désiré » le 23 décembre. Le 4 novembre de cette même année sort à Nice au Paris-Palace et au Mondial l’un des plus grands succès d’avant-guerre, « La Grande illusion » de Jean Renoir.

Le Mondial reste ouvert pendant le conflit armé.

Lorsque la guerre éclate, le Mondial affiche dans sa salle deux productions de la Warner Bros. « Les Ailes de la flotte » de Lloyd Bacon et « Les Secrets d’une actrice ». Les doubles-programmes sont souvent proposés tandis que la M.G.M. et la Warner continuent une politique de « block-booking ». Les films comme « Visages d’Orient » sorti le 6 février 1941, « Le Grand Ziegfeld » le 20 février ou « Furie » de Fritz Lang le 10 juillet de la même année sont visibles pendant que la guerre fait rage.

Ci-dessus: « La Vie privée d’Elisabeth d’Angleterre » de Michael Curtiz.

Alors que Nice est en zone libre, « La Vie privée d’Elisabeth d’Angleterre » de Michael Curtiz avec Errol Flynn et Bette Davis sort le 1er mai 1941 en première exclusivité et pour quatre semaines au Mondial, qui le rejoue le 11 décembre de la même année. Ce grand film en technicolor et en version originale n’est découvert par les parisiens qu’à la Libération,  à partir du 17 octobre 1945 au Gaumont-Palace.

Après une dernière projection de la production M.G.M. de « Trois camarades » le 17 septembre 1941, le Mondial  ferme ses portes pour effectuer d’importants travaux de modernisation. Le revue corporative et collaborationniste Le Film datée du 20 décembre 1941 revient sur la réouverture du cinéma: « Entièrement transformé, moderne et luxueux, le Mondial de Nice a fait sa réouverture sous une nouvelle direction et a choisi la production Continental-Film « L’Assassinat du père Noël » comme programme d’ouverture. A l’occasion de cette inauguration, un grand effort de « décentralisation » avait été fait. Tout ce que la Côte d’Azur compte actuellement de vedettes et de metteurs en scène était présent à cette première qui n’eut rien à envier aux plus grandes Premières Parisiennes ».

Ci-dessus: le cinéma Mondial en 1941 avec à l’affiche « L’Assassinat du père Noël » de Christian Jaque.

Ci-dessus: « L’Assassinat du père Noël » inaugure la réouverture après des travaux du Mondial en 1941.

Le chanteur Tino Rossi, sous contrat avec la Continental-Films, et Mireille Balin sa compagne assistent à cette soirée. La salle affiche de nombreuses productions du studio à capitaux allemands comme « Premier rendez-vous » d’Henri Decoin avec Danielle Darrieux.

Les belles affiches du Mondial de l’après-guerre.

Après la Libération, l’exploitation des salles de Nice se heurte aux restrictions d’électricité: les matinées sont annulées et une seule séance par jour, à 21 heures, est proposée. Comme les autres cinémas niçois, le Mondial souffre d’un manque de productions nouvelles et doit afficher des reprises. Son directeur M. Nivet choisit des reprises rentables comme « Roméo et Juliette » (1936) de George Cukor, « Après Mein Kampf, mes crimes » (1940) d’Alexandre Ryder, « La Citadelle » (1938) de King Vidor ou « Les Gaîtés de l’escadron » (1932) de Maurice Tourneur.

Ci-dessus: les cinémas de Nice en 1946.

La première exclusivité du film de Marc Allégret « Félicie Nanteuil » est un succès. La presse corporative souligne alors la fidélité de la clientèle du Mondial qui permet d’engendrer des recettes régulières quel que soit le film à l’affiche. La Cinématographie française du 16 mars 1946 note que « Le Mondial farouchement indépendant a toujours refusé de s’inféoder à un circuit de programmation ». Des films américains en version originale sont proposés régulièrement comme la production de la Columbia « La Mariée célibataire » de Alexander Hall qui, en sept jours, assure une recette confortable.

Durant ces années d’après-guerre, le Mondial programme notamment « Dumbo l’éléphant volant » de Walt Disney le 24 décembre 1947 en tandem avec le Rialto, « Cendrillon » le 27 décembre 1950, « Edouard et Caroline »  de Jacques Becker avec Daniel Gélin et Anne Vernon le 25 avril 1951. En 1952, le Mondial enregistre 302.451 entrées contre 192.754 dans la salle de l’Escurial, 177.199 dans celle du Forum et 459.248 au Paris-Palace. Au printemps 1954, le Mondial qui a rejoint la Société des Cinémas de la Côte d’Azur et que dirige M. Nivet, met en service un nouvel écran panoramique « Westone Métallisé » de 8 mètres de base sur 4 mètres de haut. « D’importants travaux exécutés sous la direction de M Marcel Guilgot, architecte, ont permis l’édification d’un cadre de scène d’une formule des plus originales ».

Ci-dessus: l’écran du Mondial en 1954.

En janvier 1956, la première mondiale du film « La Sorcière » est à l’affiche du Mondial, en présence de Marina Vlady, Nicole Courcel et Maurice Ronet. Durant l’été 1956, le Mondial, toujours dirigé par M. Nivet, effectue de nouveaux travaux de modernisation et d’adaptation aux nouvelles techniques: « il possède alors un équipement Westrex de tout dernier modèle avec l’adjonction de projecteurs Century. De plus, la salle est désormais équipée en Cinémascope avec un écran s’approchant des 9 mètres de base ».

En 1957, Nice adopte les tarifs les plus élevés du territoire dans ses salles d’exclusivité. Alors que les tarifs s’établissent au niveau national autour de 200 et 250 francs, la plupart des cinémas niçois appliquent 300 et 350 francs pour suivre la seule salle qui a fixé un tarif unique de 365 francs. Soucieux de ne pas perdre sa clientèle, les circuits Gaumont et S.O.G.E.C. reviennent à un tarif normal: le Paris-Palace, le Mondial, le Casino, l’Excelsior, le Forum ou le Femina proposent des billets entre 200 et 250 francs.

A partit du 18 septembre 1958, le Mondial change sa formule d’exploitation. Alors que la Gaumont assure sa programmation de films en première vision, M. Nivet reprend son autonomie et affiche des reprises ou des secondes visions avec une baisse important du prix des places (150 francs), ce qui accroît sa fréquentation.

Les années 1960 voient alterner dans la salle unique du Mondial des reprises et des secondes visions en provenance des grandes salles de Nice. Les entrées sont toujours importantes, le coût du billet restant toujours bas. C’est à cette époque que le Mondial rejoint le circuit familial Siritzky.

Le Mondial transformé en cinéma de deux salles Paramount.

Après la sortie le 20 décembre 1967 du film d’animation « Astérix le gaulois » distribué par Athos Films, une société de la famille Siritzky, le Mondial ferme ses portes le 9 janvier 1968.

Entièrement démoli, le cinéma laisse la place à un complexe moderne de deux salles: le Paramount-1, d’une capacité de 700 fauteuils, et le Studio-Paramount avec 300 fauteuils. Le jeudi 19 décembre 1968 a lieu l’inauguration des deux salles créées par « l’architecte des cinémas » Georges Peynet.

Ci-dessus: le Mondial détruit laisse la place au cinéma de deux salles Paramount.

Ci-dessus: coupe du nouveau cinéma Paramount de Nice.

Ci-dessus: la grande salle de 700 fauteuils du Paramount en 1969.

Ci-dessus: vue de la grande salle et de son balcon, en 1969.

Ci-dessus: la salle du Paramount Studio, avec 350 fauteuils, en 1969.

Au programme du nouveau Paramount de Nice sont proposés « Astérix et Cléopâtre » dans la grande salle et « Roméo et Juliette » au Studio-Paramount. Le Film Français évoque le 20 décembre 1968 cette ouverture: « Situées l’une au dessus de l’autre, ces deux salles ont un accès commun, rue de la Liberté, en plein cœur de Nice, par un hall que ferme une batterie de portes en verre Saint-Gobain ornées d’un galon or; les murs de ce hall sont en « miroir » sur lesquelles se détachent les panneaux pour photos et publicités. Le plafond en staff ornemental enrobe les plots lumineux. Les caisses en verre et boiseries décorées se situent de part et d’autre de manière à ne pas gêner la circulation. Le sol en deçà des marches, après les caisses, est en dalles de Comblanchien, et au-delà recouvert d’un épais tapis très souple de teinte vert clair. Le hall intérieur de vastes proportion donne accès de face à l’orchestre du Paramount, par de larges portes en acajou. A gauche, après le vestiaire, un escalier de vastes proportions mène au mezzanine que précède un hall. A droite, un second escalier conduit au Studio-Paramount. Les 700 places du Paramount se répartissent entre 450 à l’orchestre et 250 au mezzanine. L’orchestre est en pente douce, d’abord descendante, puis se relevant vers l’écran (…) Les fauteuils Club des Etablissement Quinette, à pied central sont de teinte « Whisky blond », la moquette est coq de roche, les murs sous mezzanine sont en tissu vert et jaune, puis recouverts de simili cuir chamois encadrant les piliers revêtus de bois précieux. La scène est accessible par une double série de marches. Le tout recouvert de moquette rouge sombre. L’éclairage est assuré par des globes lumineux style « caf’ conc » de la Belle Epoque aux moutures de cuivre. Mêmes caractéristiques pour le mezzanine. Le Studio-Paramount (350 places) dispose en plus du hall d’accès d’une salle d’attente. Des portes battantes en acajou donnent accès au fond de la salle aux fauteuils également de teinte « Whisky blond » à pied central. Un plan incliné assure une visibilité de toutes les places. Au mur un tissu tartan écossais jaune, rouge, vert forme des panneaux sur lesquels se détachent les luminaires comme dans l’autre salle mais de dimensions plus réduites. Au sol moquette verte. Le Paramount est équipé de D.P. 70 pour formats standard et 70MM et son magnétique et normal stéréophonique. L’écran est du type le plus récent permettant une image de qualité optimum sans réverbération. Le Studio-Paramount est la seconde salle à être dotée de l’équipement Philips S.T. 200 entièrement automatique (la première salle étant le Paramount-Montmartre) ( …) La façade, de vastes dimensions, est animée par le système « lumière vivante » dont les mouvements de transformation dont commandés par un cerveau électronique: 4000 lampes permettent les combinaisons les plus diverses. Au centre, le panneau décoratif annonçant les programmes des deux salles. Les « hôtesses » sont habillées par Cardin en robe turquoise mais en changeront suivant le caractère du film projeté ».

Ci-dessus: la nouvelle façade du cinéma de deux salles Paramount Nice en 1969.

Ci-dessus: le hall du Paramount en 1969.

Pour la sortie de « L’Enfance nue » de Maurice Pialat dans la salle du Studio-Paramount est organisée une grande soirée de gala réunissant de nombreuses personnalités de la magistrature ainsi que des éducateurs spécialisés, des professeurs et des médecins. Malgré un relais dans la presse locale, le film, comme partout ailleurs, ne connaît pas le succès qu’il mérite.

Le 22 septembre 1971 sort au Paramount et au Paris-Palace « Sans mobile apparent », un film réalisé par Philippe Labro et entièrement tourné à Nice  avec Jean-Louis Trintignant en vedette. Une réception est offerte par le député-maire de Nice Jacques Médecin en présence du réalisateur, de Stéphane Audran et de Sacha Distel. Après la projection, un dîner est organisé auquel se joint Yves Montand. La Mairie de Nice réaffirme l’appui de ses services lors des tournages de films dans la commune et entend participer au lancement des films qui y sont tournés. Le polar de Philippe Labro recueille un beau succès à Nice.

Le deux salles du Paramount de Nice privilégient l’exploitation des films distribués par Parafrance, la société de distribution des frères Siritzky, ainsi que des films qui sortent dans son circuit national de salles: « Un mur à Jérusalem » de Frédéric Rossif le 7 janvier 1969, « Funny girl » de William Wyler le 2 avril 1969 et le même jour « Bullitt » de Peter Yates dans la salle Studio, « La Décade prodigieuse » de Claude Chabrol » le 15 décembre 1971 ainsi que les films de Charles Chaplin et Jacques Tati que ressort Parafrance dans les années 1970.

Deux films connaissent un large succès dans le complexe Paramount: « Le Dernier tango à Paris » de Bernardo Bertolucci le 11 janvier 1973 et évidemment « Emmanuelle » à partir du 26 juin 1974. Le film-phénomène de Just Jaekin occupe l’affiche du Paramount de Nice pendant plus de 35 semaines.

Le Paramount n’oublie pas les films de « qualité française » comme « Coup de torchon » de Bertrand Tavernier à l’affiche le 4 novembre 1981 ou bien « Hôtel des Amériques » d’André Téchiné le 2 décembre 1981.

La faillite de Parafrance provoque la fermeture du Paramount de Nice.

Les difficultés financières de Parafrance dans les années 1983 et 1984 menacent l’exploitation des salles gérées par les frères Jo et Sammy Siritzky sur le territoire national. Dans l’ouvrage « Figures des salles obscures » de Samra Bonvoisin, Claude Forest et Hélène Valmary, Serge Siritzky revient sur ces années noires: « à cette date la S.A. Parafrance possédait 70 écrans répartis en 35 établissements (…) la perte enregistrée dans son dernier bilan du 31 mars 1985, s’élevait à 132 millions de francs. »

Parafrance en faillite, la fermeture définitive du Paramount de Nice est inéluctable et survient au courant de l’année 1987. Les autres salles du circuit sont reprises par les acteurs de l’exploitation que sont Gaumont, Pathé et UGC, ou fermées. C’est le cas du Paramount de Nice qui ferme définitivement son rideau et, signe des temps, qu’un établissement bancaire occupe aujourd’hui.

L’ancien cinéma Mondial devenu Paramount a, pendant ses soixante années d’exploitation, enchanté les cinéphiles de Nice.

Ci-dessus: l’ancien cinéma Mondial, devenu Paramount, laisse la place à une banque.

Remerciements: M. Thierry Béné.
Documents: La Cinématographie française, Le Film français, Gallica-BnF, Le Film, Le Petit niçois et collection particulière.