Adresse: 21 rue Racine à Nantes (Loire-Atlantique)
Nombre de salles: 5
Fermeture définitive en 2003

C’est en 1908 qu’est inaugurée la salle de 1700 fauteuils du théâtre Apollo dans une des artères commerçantes de Nantes, la rue Racine. Quelques années après son ouverture, en 1921, un incendie ravage le bâtiment et particulièrement la salle. A cette époque, l’Apollo est déjà utilisé, en plus des représentations théâtrales, pour les projections du cinématographe.

L’Apollo est donc reconstruit mais sa capacité de fauteuils est réduite, puisque 1050 places, répartis dans le parterre et les deux balcons, occupent la salle. Au fil du temps et des goûts des propriétaires successifs, l’Apollo accueille des représentations théâtrales, des concerts de music-hall ainsi que des séances de cinéma. La proximité du théâtre Graslin, dédié à l’opéra et l’opéra-comique, fait que l’Apollo se spécialise plutôt dans l’opérette, les spectacles musicaux ainsi que les récitals.

Jusque dans les années 1970, les grands noms du music-hall se succèdent sur la scène de l’Apollo. Maurice Chevalier, Mistinguett, Edith Piaf, Fernandel, Yves Montand, Coluche et tant d’autres vedettes ont foulé les planches de l’Apollo.

L’Apollo va se consacrer définitivement au séances de cinéma si bien qu’en 1976, la salle principale est détruite pour une transformation en un multisalles de cinq écrans. Le balcon de l’Apollo devient ainsi, après la montée d’un escalier de 90 marches, la grande salle avec ses 450 fauteuils. Les quatre autres salles possèdent des capacités variables allant de 220, 110, 98 à 76 fauteuils.

Le groupe UGC acquiert l’Apollo en 1984 ainsi que le cinéma Le Racine, situé juste en face (au numéro 22 de la rue Racine). Ouvertes en 1976, les deux salles du Racine ont été inaugurées simultanément avec la livraison du nouvel immeuble qu’il occupe au rez-de-chaussée. Le Racine s’est spécialisé dans les films à caractère pornographique jusqu’à ce que le groupe UGC le reprenne en 1984.

Les cinq salles de l’Apollo et les deux salles de l’annexe d’en face vivent ainsi leurs belles années d’exploitation de films destinés au grand public.

En 1997, le cinéma lâche un pavé dans la mare: à l’instar de certaines salles fonctionnant sur ce principe aux Etats-Unis, l’UGC de Nantes inaugure un programme de films à l’affiche au tarif unique de 10 francs seulement (2 €). L’UGC Apollo propose avec ce concept une ressortie en seconde exclusivité d’une très grande majorité de films, six mois après leur sortie nationale, à ce tarif unique et préférentiel. L’édition en vidéo et DVD étant à l’époque fixée à 18 mois puis à 12 mois après la sortie en salles, cela permettait au public nantais, qui avait raté des films ou qui souhaitait les revoir en salle, de les découvrir sur grand écran.

Une fois lancé, ce concept a suscité un tollé dans le petit monde de l’exploitation cinématographique national. Cela redonna tout de même un coup de fouet à ce cinéma tombé en désuétude avec la concurrence des multiplexes de la périphérie de Nantes, celle du complexe Gaumont au centre-ville et du cinéma d’art et d’essai Le Katorza.

L’UGC Apollo a retrouvé des couleurs avec ses séances à 2 € : plus de 500 000 entrées ont été comptabilisées en 1997, 675 000 en 1998, jusqu’à 700 000 en 2000 pour finir à sa fermeture en 2013 aux alentours de 550 000 entrées.

Cette tarification unique permit également à cette partie du centre-ville nantais de rester animé quelques années de plus avant de sombrer dans le calme d’un quartier résidentiel. Le groupe UGC refera parler de lui quelques années plus tard avec le lancement de la carte UGC illimité qui a redessiné l’exploitation cinématographique du pays.

Malgré ce marketing nouveau, UGC ferme définitivement les cinq salles de l’Apollo et les deux de l’ancien Racine en novembre 2003 laissant un vide culturel dans le quartier et treize employés à replacer. On peut aujourd’hui rêvasser devant l’immeuble d’habitation du 21 rue Racine, qui a conservé sa façade, en imaginant l’ancien théâtre Apollo et le cinéma UGC.

Ci-dessus: le cinéma Apollo, programmé par le groupe UGC jusqu’en 2003.

Ci-dessus: l’immeuble d’habitation qui a remplacé le cinéma Apollo a conservé la façade historique.

Ci-dessus: les programmes du théâtre Apollo à Nantes.