Rien qu’en regardant la superbe affiche originale de « Despair », le film que Rainer Werner Fassbinder réalisa en 1978, on devine les tourments auxquels on va assister… Et c’est peu de le dire! Le film débute « gentiment » par le quotidien d’Hermann Hermann (Dirk Bogarde), un homme d’affaire d’origine russe dans le Berlin du début des années 1930. La montée du nazisme se fait sentir et perturbe cet homme aux mœurs ambigus, qui se rappelle avoir également, peut-être, des origines juives. Sa femme Lydia (Andréa Ferréol) assouvit ses fantasmes et jeux sexuels, et entretient une relation particulière avec son cousin. « Despair » s’achève dans la folie intérieur d’Hermann et de son double.
Inspirée d’une nouvelle de Vladimir Nabokov et scénarisé par Tom Stoppard, « Despair » est porté par le génial Dirk Bogarde, qui passe d’un personnage sophistiqué et ironique à un autre totalement désespéré et ambigu. Quel plaisir de retrouver dans cette œuvre peu connue l’immense acteur des films de Joseph Losey « Accident », « The Servant », « Portier de nuit« , etc. A ses côtés, Andréa Ferréol incarne une femme-enfant charnelle, écervelée et fantasque.
« Despair » ne se limite pas à ce duo improbable: il a pour toile de fond la monté du parti d’Hitler dans un monde en crise économique. Étranger, refoulant ses origines, Hermann est transporté dans les tourments de son passé et de sa sexualité.
Déconcertant, drôle, brillant. « Despair » est tout cela à la fois.
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