C’était un étudiant idéaliste. En 2009, avant d’intégrer une prestigieuse université californienne, Gabriel Buchmann quitte son Brésil natal pour un tour du monde. Ce jeune homme plein de fougue et de curiosité ne veut surtout pas être considéré comme un touriste, la pire des insultes à ses yeux. Épris de rencontres et de dialogue avec les hommes qu’il trouve sur sa route, Gabriel dort chez l’habitant et roule en stop. Son voyage s’achèvera en Afrique, au sommet d’une montagne, le majestueux Mont Mulanje.
Gabriel Buchmann était l’ami de Fellipe Barbosa, aujourd’hui cinéaste. Son deuxième film est donc consacré à son ami disparu. Tel un pèlerinage, ce passionnant film entremêle la fiction et le documentaire. Fiction parce que Gabriel et sa compagne sont interprétés par des acteurs professionnels qui suivent un scénario relatant les dernières étapes des pérégrinations de Gabriel. Documentaire, car il fait intervenir les femmes et les hommes qu’a rencontrés Gabriel lors de son ultime voyage: une famille qui l’a hébergé, un camionneur qui l’a transporté, un guide qui l’a accompagné.
« Gabriel et la montagne » est un choc cinématographique. D’une beauté absolue, l’équipe de tournage a foulé les mêmes chemins que Gabriel, a gravi les mêmes sommets, a rencontré les mêmes amis d’un jour. Plus qu’un film hommage, c’est une introspection au cœur d’un jeune idéaliste occidental, à la fois attachant et irritant. Car le cinéaste et les témoins nous racontent l’homme qu’était Gabriel: altruiste et généreux. Et aussi immature et arrogant.
A travers ce portrait, le cinéaste révèle une jeunesse occidentale désorientée qui ne connaît pas le bonheur de la patience, qui n’écoute pas les hommes sages et, pire, qui se considère surpuissante. Bref, une humanité qui voudrait tout, tout de suite. N’est-ce pas le monde dans lequel nous vivons?
« Gabriel et la montagne » est incarné par un acteur prodigieux: João Pedro Zappa. Ce dernier semble avoir subjugué les témoins du « vrai » Gabriel d’il y a sept ans. Dans ce film qui lorgne vers le « cinéma-vérité » cher à Jean Rouch, l’acteur est étonnant de justesse. Sa petite amie est interprétée par la belle et sensible Caroline Aras.
Envoûtant comme l’était « L’Etreinte du serpent » (2015) tourné quant à lui en Amazonie, « Gabriel et la montagne » est un récit initiatique magistral.
Laisser un commentaire