La ville n’est pas tranquille. Alors que Daniel (Gérard Meylan) sort de prison après vingt années d’incarcération, la société a bien changé. Son ancienne femme Sylvie (Ariane Ascaride) enchaîne les ménages tandis que leur fille Mathilda (Anaïs Demoustier), jeune maman, n’arrive pas à joindre les deux bouts. Seule Aurore (Lola Naymark), la demi-sœur de Mathilda, et son compagnon Bruno (Grégoire Leprince-Ringuet) affichent une réussite provocante et égoïste.
Après « La Villa » (2017) qui tournait la page d’un monde fraternel révolu, « Gloria Mundi » n’espère pas les beaux lendemains qui chantent. Il les désenchante plutôt. L’ultralibéralisme de notre société s’immisce désormais dans la cellule familiale et brise les liens du sang. C’en est finit avec la fraternité, c’est l’individualisme forcené, représenté par le jeune couple Aurore et Bruno, qui prime: impitoyables en affaires, dénués de toute humanité, le cynisme et le mépris les écarte de tout et de tout le monde. L’ancienne génération, impuissante, ne peut que constater leur monde finissant. Peut-être que Gloria, nouveau-née et femme en devenir, révolutionnera la société future.
Robert Guédiguian pose un constat peu sympathique sur la jeune génération, enfants de familles populaires, qui oublie les valeurs fraternelles. Seul Nicolas (Robinson Stévenin, touchant) garde encore l’humanité et l’espoir d’une vie meilleure. Les complices de toujours du cinéaste marseillais, Ariane Ascaride et Jean-Pierre Daroussin, sont brossés avec tendresse et justesse. Daniel (Gérard Meylan, puissant) compose des haikus pour s’évader de ce monde sans pitié.
« Gloria Mundi » est une superbe et desespérée tragédie moderne.
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