Vidéaste et photographe, Clément Cogitore est aussi un cinéaste de talent: Ni le ciel ni la terre (2015) et Braguino (2017) avaient donné un souffle différent au jeune cinéma français. Le réalisateur revient avec une fiction au cœur du quartier de la Goutte d’Or, à quelques encablures du métro Barbès-Rochechouart et du cinéma Louxor.
Dans ce quartier populaire et multiculturel de Paris, Ramsès (Karim Leklou) veille à sa précieuse clientèle qui vient le consulter en nombre. Mage moitié filou moitié psychologue, Ramsès raconte aux âmes perdues ce qu’elles veulent bien entendre: l’amour d’un père ou d’une mère disparus, le repos en paix d’un défunt. Son petit commerce fructueux qu’il opère avec Mickael (Malik Zidi) est bientôt mis à mal par une bande de gamins violents.
Porté par l’excellent Karim Leklou, Goutte d’or est une étonnante œuvre mystique, loin du film social, qui plonge le spectateur dans un monde obscur, caché au cœur de la capitale, à quelques encablures des voies ferrées de la gare du Nord. C’est surtout un film sur la filiation et le passage à l’âge adulte pour les protagonistes: les « patients » orphelins du mage, les gamins sans famille et livrés à eux-mêmes et surtout Ramsès lui-même, qui, par sa rencontre avec les gosses, renoue avec son père (l’acteur Ahmed Benaïssa, décédé lors de la présentation du film à Cannes.
Clément Cogitore pose un regard profondément tendre et paternel sur ces enfants de la nuit, jeunes garçons marocains esseulés et perdus dans la capitale.
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