Paris, début des années 1980. Primo, un jeune provincial, fréquente un cercle d’amis issu de la jeunesse dorée. Il tombe sous le charme de Gabrielle, jolie brin de femme, tout en étant courtisé par la sensible Delphine… Les différences de classe sociale se feront bientôt sentir.
Ni un conte rohmérien, ni un pâle film pour teenagers, « J’aime regarder les filles » est une sympathique bleuette mettant en scène un trio amoureux sur fond de premières années du Mitterrandisme. Les jeunes bourgeois que Primo fréquente sont à l’opposé de son milieu: lui est fils de fleuriste provincial d’Indre-et-Loir, eux fréquentent les beaux quartiers de la capitale. En évoluant dans ce cercle de fils à papa, Primo devra trouver mille et une astuces pour conquérir la délicieuse et libérée Gabrielle (Lou de Laâge rappelle la beauté diaphane de Léa Seydoux). C’est Delphine (la douce Audrey Bastien incarnait un rôle similaire dans « Simon Werner a disparu…« ) qui le rappellera à ses vrais valeurs.
Ne serait-ce que pour Pierre Niney (21 ans et déjà à la Comédie-Française!), il faut aller voir « J’aime regarder les filles »: il rappelle à la fois le Jean-Pierre Léaud des années Doinel de Truffaut et les personnages ténébreux de Louis Garrel. Avec détermination et audace, son personnage de Primo est extrêmement attachant. Frédéric Louf a l’heureuse idée d’inscrire son récit dans une période charnière de la fin du siècle dernier: l’accession de la gauche au pouvoir. Le récent film de Rebecca Zlotowski, le magnifique « Belle Épine » inscrivait d’ailleurs son personnage principal dans cette fin de siècle. Les jeunes adultes qui composent cet échantillon de la jeunesse des années 1980 ne sont que le reflet de leurs aînés: le fossé droite-gauche se creuse, le racisme et l’inégalité s’accélèrent. Mais, pour Primo, ça n’empêche pas les sentiments.
Tourné dans le 16ème arrondissement de Paris, la jeunesse dorée dîne chez Prunier (institution gastronomique dans un décor Art-Déco), roule en Golf GTI, crèche dans de vastes appartements bourgeois, savoure cigares et grands crus millésimés. Les fils à papa sont irritants à souhait, les jeunes femmes moins arrogantes mais lâcheraient-elles ce petit confort? Le réalisateur réussit, sans caricature, à décrire à la fois un petit milieu fortuné et de jeunes gens moins chanceux et d’autant plus valeureux (le personnage de Malik justement interprété par Ali Marhyar). Michel Vuillermoze et le toujours excellent Thomas Chabrol figurent parmi les quelques acteurs adultes du film.
Déjà ancrés dans une époque révolue, les sentiments amoureux des protagonistes restent toujours d’actualité.
Ci-dessus: Audrey Bastien et Pierre Niney sont les personnages les plus attachants de « J’aime regarder les filles ».
Ci-dessus: la charmante Lou de Laâge en fait voir de toutes les couleurs à son amoureux éperdu.
Ci-dessus: Pierre Niney est la grande révélation de « J’aime regarder les filles ».
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