Le titre du premier film de Jean Denizot est trompeur, tout comme l’affiche qui pourrait laisser croire à une romance adolescente. Il faut dire que le talentueux réalisateur détourne tous les codes d’un film « qualité française » pour amener petit à petit son spectateur, ébloui dès le début par la beauté de ses paysage et par une musique folk, vers un huis-clos naturaliste étouffant.

« La Belle vie » s’inspire d’un fait divers, celle de l’affaire Xavier Fortin. Ce père de famille avait, durant onze ans, vécu avec ses deux fils cachés dans la campagne française pour échapper à la justice qui voulait lui voir retirer leur garde. Ses deux fils avait témoigné en sa faveur lors de son procès (il a écopé de deux années de prison).

Jean Denizot situe son film dans les tous derniers mois de la cavale du père et de ses deux fils devenus adolescents. Pierre et Sylvain grandissent et n’entendent plus poursuivre ce mode de vie nomade, malgré tout l’amour qu’ils portent à un père aimant et attentionné. Des Pyrénées vers la Normandie, en passant par la Loire, le trio s’effrite et s’essouffle.

Tout en pudeur, « La Belle vie » ne porte jamais de jugement sur le choix de cet homme « nomade » comme il se définit lui-même. Fou pour les uns, héroïque pour les autres, il est surtout un homme blessé et dévoué corps et âme à ses deux garçons. Cette famille sans mère est interprétée avec justesse pas trois acteurs inoubliables: Nicolas Bouchaud (le père), Jules Pelissier (l’aîné Pierre) et Sylvain le cadet (Zacharie Chasseriaud). Gilda (Solène Rigot vue dans « Renoir » ) ne sera pas qu’une simple touche féminine pour Sylvain mais un véritable déclencheur vers un autre chemin à prendre. Une autre femme, Eliane (Maya Sansa, radieuse) posera la question du choix à effectuer à ces êtres en perdition.

Rarement un film n’aura si bien décrit l’amour qu’on peut porter à ses enfants. La dernière scène du film est poignante.