On ne la voit jamais et pourtant elle existe. Ce n’est pas une anarchiste – pour reprendre les premiers vers de la chanson éponyme de Léo Ferré -, mais une panthère des neiges. Le romancier Sylvain Tesson et le photographe Vincent Munier cheminent dans les hauts plateaux tibétains, à quelques 5000 mètres d’altitude, et attendent leur Graal: se retrouver face au félin mythologique. Comme dans un Désert des Tartares où on attend l’ennemi qui ne vient jamais, les deux compères, accompagnés de la cinéaste Marie Amiguet, sont à l’affût des jours durant pour découvrir enfin le majestueux animal.
Le pur silence ne règne pas forcément dans La Panthère des neiges : l’attachant et jamais prétentieux Sylvain Tesson nous lâche quelques pensées tantôt touchantes, tantôt drolatiques. Ce qui casse quelque peu le voyage « de l’autre côté » – puisque c’est un cheminement initiatique – c’est la composition musicale de Warren Ellis et de Nick Cave. On aurait préféré suivre l’affût des compagnons dans le fracassant silence de la nature.
Les magnifiques images de Marie Amiguet et Vincent Munier ainsi que la compagnie de Sylvain Tesson, qui prennent le partie de révéler la beauté du monde plutôt que son côté noir, font de ce film documentaire une ode à la contemplation de la nature et une tentative bienvenue de comprendre notre humanité déclinante.
Comme dans l’excellent Marche avec les loups (2020) de Jean-Michel Bertrand, le spectateur est, après un très long désir, subjugué par la découverte de la bête. Le film Marie Amiguet et Vincent Munier est le pendant en images du livre de Sylvain Tesson La Panthère des neiges (Gallimard 2019), qui a obtenu le Prix Renaudot la même année.
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