Quelques années après la guerre, Madeleine (Anaïs Demoustier) fait la connaissance de François Delambre (Vincent Lacoste) à Dinard. Employée dans un restaurant de la station balnéaire bretonne, la jeune femme élève seule son fils. Issu de la grande bourgeoisie parisienne, François étudie l’archéologie. Les deux jeunes gens vont s’aimer et former un couple uni, malgré leurs secrets.

Réalisatrice de Un Poison violent (2010) et Suzanne (2013), Katell Quillévéré s’inspire dans Le Temps d’aimer de l’histoire de sa grand-mère, enceinte à l’âge de dix-sept ans d’un soldat allemand. Coécrit avec Gilles Taurand, scénariste d’André Téchiné, on y retrouve d’ailleurs le sens du romanesque cher à l’auteur de L’Adieu à la nuit (2019). Sur vingt années, le spectateur suit Madeleine, jeune mère célibataire qui va bientôt, après leur passage à Châteauroux, évoluer dans la bourgeoisie parisienne aux côtés de son mari, devenu professeur des universités et de leurs deux enfants, Daniel et Jeanne.

Dans la France de l’après-guerre, les auteurs explorent les non-dits et les rapports de classe. La sexualité y est abordée frontalement, comme un cri avant la libération des mœurs dans les années 1970, malgré la pénalisation de l’homosexualité jusqu’au début des années 1980.

C’est sûrement dans Le Temps d’aimer qu’Anaïs Demoustier, qui débute sa carrière au début des années 2000, accède à un rôle de femme mûre qu’elle incarne avec grâce et émotion. Jeune mère au début du film, elle gagne peu à peu de l’épaisseur jusqu’à l’issue du film où, enfin propriétaire d’un club de musique, elle réalise son rêve de jeune fille. Aux côtés de Vincent Lacoste, très touchant en mari homosexuel, le film est complété par Morgan Bailey, qui incarne un musculeux GI posté à la base américaine de Châteauroux.

Saga dramatique qui suit l’histoire d’un couple hors-norme, Le Temps d’aimer n’évite pas quelques séquences convenues. Mais ce mélodrame assumé émeut véritablement grâce au récit d’un couple original et authentique.