François Ozon prend un malin plaisir à jouer avec des pièces de théâtre désuètes, parfois oubliées, et y instiller ses dadas. Après 8 Femmes (2022) et Potiche (2010), le touche-à-tout du cinéma français ressort de la poussière Mon crime, une pièce de boulevard écrite en 1934 par Georges Berr et Louis Verneuil. Ancrée dans les Années folles, le réalisateur insuffle dans cette comédie policière un vent de fraicheur et de féminisme dans l’air du temps.

A Paris, la jeune actrice Madeleine Verdier (Nadia Tereszkiewicz) est accusée du meurtre de Montferrand, un producteur qui voulait abuser d’elle. Avec l’aide de son amie avocate Pauline (Rebecca Marder) qui plaide la légitime défense, Madeleine obtient l’acquittement et la renommée. Mais a t-elle vraiment tué Montferrand?

Film choral baroque, décors Art déco sublimes et jeu outrancier de ses interprètes (Fabrice Luchini et Isabelle Huppert, géniaux) font de cette enquête policière un régal de comédie dans laquelle brillent deux jeunes et jolies actrices: Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder, cette dernière découverte dans Une Jeune fille qui va bien (2022) de Sandrine Kiberlain. Elles forment un duo attachant, au jeu savamment dosé entre la diction théâtrale des années 1930 et le propos #metoo nécessaire des jeunes femmes d’aujourd’hui. Complices, amies, presque amoureuses – du moins pour le personnage de Pauline – ces combattantes mèneront leur monde avec charme et conviction.

Après Tout s’est bien passé (2021) et  Peter von Kant (2022), François Ozon, décidément, passe d’un genre à l’autre avec autant de virtuosité que d’élégance.