Lorsque le tyrannique metteur en scène Peter von Kant (Denis Ménochet) tombe amoureux du jeune Amir (Khalil Gherbia), sa vie est transformée. Jusqu’au jour où le jeune éphèbe le quitte…

François Ozon, à peine sorti des drames Eté 85 (2019) et Tout s’est bien passé (2021), revient sur les écrans avec une comédie inspirée du film Les Larmes amères de Petra von Kant (1972) de Rainer Werner Fassbinder. Le réalisateur français avait déjà côtoyé l’univers du cinéaste allemand avec l’adaptation, très réussie, d’une de ses pièces, Gouttes d’eau sur pierres brûlantes (2000).

Dans ce huis-clos, François Ozon pose sa caméra dans le loft de Peter, personnage qui ressemble à s’y méprendre à Fassbinder. Ogre tyrannique et cynique, Peter fait la connaissance du bel Amir par l’intermédiaire de Sidonie (Isabelle Adjani), une actrice en quête de rôle. La passion amoureuse puis la rupture plongent Peter dans la dépression et l’alcoolisme. Le peu d’humanité de Peter parviendra t-il à changer le monstre qui s’est logé en lui?

Maniant la brutalité et la douceur, Peter von Kant est interprété par Denis Ménochet, digne relève de Gérard Depardieu. Si Isabelle Adjani parodie (intentionnellement?) Arielle Dombasle, les jeunes Khalil Gherbia et Stefan Crepon (dans le rôle hilarant et muet de Karl, l’homme à tout faire) sont les révélations de cette comédie grinçante, drôle et profondément humaine.

L’apparition d’Hanna Schygulla, égérie de Fassbinder, fredonnant Each man kills the things he loves, déjà chanté par Jeanne Moreau dans Querelle (1982), boucle cet hommage personnel au maître allemand.