C’est Alain Cavalier qui devait adapter au cinéma le livre de son amie Emmanuelle Bernheim Tout s’est bien passé (Gallimard, 2013). Le cinéaste de Thérèse (1986) et Pater (2011) avait d’ailleurs choisi de jouer le rôle du père de l’auteure. Mais les deux amis n’ont pas eu le temps de tourner ce récit d’un père condamné et souhaitant mourir, Emmanuelle Bernheim ayant été emportée par la maladie. Le « filmeur » a finalement accouché du poignant Être vivant et le savoir (2019).

François Ozon s’empare donc de ce récit tragi-comique – parce que c’est aussi et surtout une comédie – où André (André Dussolier), 85 ans, est brutalement atteint d’un accident cardiovasculaire qui le paralyse. Face à sa déchéance, André demande à ses filles (Sophie Marceau et Géraldine Pailhas) de l’aider à rejoindre la Suisse où se pratique légalement la fin de vie. Mais tout n’est pas simple en France quand on veut choisir de mourir.

Nouveau sujet de société pour François Ozon après Grâce à Dieu (2019) et retour à la thématique de la mort qui hante sa longue filmographie: Sous le sable (2000), Le Temps qui reste (2005), Le Refuge (2010) ou le récent Été 85 (2020).

Si le propos d’Ozon prolonge un débat et une réflexion collective que porte notamment l’association ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité), il manque dans son film l’émotion et la grâce qui caractérisent habituellement son oeuvre. Malgré ses merveilleux acteurs (Sophie Marceau, André Dussolier, Géraldine Pailhas, Charlotte Rampling, Hanna Schygulla ou Eric Caravaca), Tout s’est bien passé manque cruellement de corps. On avait préféré Quelques heures de printemps (2012) de Stéphane Brizé.