Elle est une pulsion de vie dans le trouble de l’Occupation. Une lumière dans le crépuscule. Irène, insouciante jeune femme de confession juive, rêve de devenir comédienne. Entre l’appartement familial où elle habite avec ses père, frère et grand-mère et les cours de théâtre, Irène vit l’intensité de ses dix-neuf ans.

Pour son premier long métrage derrière la caméra, l’actrice Sandrine Kiberlain prend le parti de l’anti reconstitution historique pour se concentrer sur sa jeune héroïne, magnifiquement interprétée par Rebecca Marder précédemment aperçue dans Tromperie. L’actrice pensionnaire de la Comédie-Française, dont le jeu très emprunté peut déconcerter, incarne une lumineuse jeune femme qui semble ignorer le poids des occupants et des mesures anti-juives voulues par les collaborationnistes. Derrière le sourire et les beaux yeux bleus, malgré les premiers émois amoureux et l’ardent désir de monter sur les planches, l’effroi s’empare de tout son être.

On ne saura rien du Paris occupé, si ce n’est l’étau qui se resserre inexorablement et menace la cellule familiale dont le père (André Marcon, poignant) tente de contenir. La cinéaste fait évoluer Irène entre deux environnements où la volupté subsiste, la famille et la troupe de théâtre. La gangrène s’immisce bientôt dans ses deux refuges: son partenaire de théâtre Jo (Ben Attal) a mystérieusement disparu tandis que les lois anti-juives se succèdent les unes après les autres.

Une Jeune fille qui va bien, film subtil et délicat porté par ses comédiens (Rebecca Marder bien sûr, mais aussi Anthony Bajon, India Hair et l’attachante Françoise Widhoff, monteuse des films d’Alain Cavalier) bouleverse autant qu’il émeut. La musique est composée par Marc Marder, le père de Rebecca; le film intègre également des titres anachroniques de Metronomy et Tom Waits.

Une Jeune fille qui va bien de Sandrine Kiberlain