Naples, de nos jours. Felice Lasco (Pierfrancesco Favino) revient au pays après quarante ans d’absence. Il retrouve son quartier de la Sanità où il vivait gamin. C’est dans ces ruelles étroites bordées d’immeubles défraichis à proximité des catacombes que l’adolescent faisait les 400 coups avec son ami Oreste (Tommaso Ragno). Après les quelques moments passés avec sa vieille mère, Félice se met en quête de revoir Oreste, malgré les mises en garde du curé de la paroisse, don Luigi Rega (Francesco Di Leva).

Aux antipodes d’une Italie de carte postale, le cinéaste Mario Martone convie les spectateurs à un retour dans le passé du quinquagénaire nostalgique de son adolescence brisée. Le récit amène subtilement et progressivement à entrevoir les raisons de cette déchirure entre Felice et sa terre natale ainsi que son exil forcé vers le Moyen-Orient.

Magnifiquement incarné par le charismatique et délicat Pierfrancesco Favino, Nostalgia est à la fois le portrait d’une ville intemporelle et celle d’un gamin devenu adulte. Entouré de la lumineuse jeunesse de la paroisse et chaleureusement accueilli par le tonitruant curé, notre héros emprunte les chemins dangereux du passé.

Des moments de grâce – le bain avec sa vieille mère, la danse orientale avec les jeunes du quartier sous l’air de Ya Abyad Ya Eswed de Cairokee – et une intrigue en forme de thriller portent cette œuvre du cinéaste napolitain au sommet du genre. Nostalgia fait écho au poignant A Chiara (2022) de Jonas Carpignano où les familles italiennes sont irrémédiablement rattrapées par la mafia. La bande son évite judicieusement la mandoline pour nous emmener vers l’électro des années 1970 du groupe Tangerine Dream.

Une réussite.