André Téchiné, fringuant septuagénaire, revient à ses premiers amours: la découverte de l’homosexualité durant l’adolescence. On ne peut éviter de penser aux merveilleux « Roseaux sauvages » (1994) en découvrant le nouvel opus du cinéaste, un an seulement après « L’Homme qu’on aimait trop » , un polar relatant l’affaire du Palais de la Méditerranée à Nice.
Dans une vallée au cœur des montagnes pyrénéennes, Tom et Damien sont deux lycéens, à priori ennemis, qui vont faire l’apprentissage de leur homosexualité. Tandis que l’un la déclare ouvertement, l’autre la refoule violemment. La mère d’un des garçons sera le témoin sensible de leurs amours cachés.
André Téchiné a choisi de placer son film dans une temporalité étalée sur les trois trimestres scolaires des lycéens, depuis l’hiver rugueux jusqu’à la chaleur estivale propice à la sensualité. Au cours de cette année déterminante pour les adolescents, plusieurs événements parfois tragiques, vont ponctuer ce grand moment de leurs vies. A la pression sociale de la ville, et du lycée en particulier, la montagne, superbement filmée, est bien l’échappatoire rêvé pour leurs amours interdits. Assumer son homosexualité reste un parcours semé d’obstacles dans un environnement rural et militaire (le père d’un des deux garçon est à la guerre). L’ascension des sommets, la purification dans des lacs, les randonnées nocturnes, les combats sous la pluie sont autant de parcours initiatiques pour accéder à ce que Tom et Damien ont choisi d’être.
Les deux adolescents sont interprétés avec justesse par Kacey Mottet Klein (découvert dans « L’Enfant d’en haut » ) et Corentin Fila. Sandrine Kiberlain et Alexis Loret (qui avait fréquenté Téchiné dans « Alice et Martin » en 1998) sont les parents d’un des deux garçons. Les décors majestueux ont été dénichés à Luchon (Haute-Garonne) et à Saint-Girons (Ariège).
Beaucoup de thématiques, un peu trop, parcourent le film de Téchiné: l’homosexualité, la paternité, la famille… Malgré son évidente sensibilité et sa finesse, on préfère Téchiné quand il suggère plutôt qu’il décrive. Certaines scènes semblent totalement s’éloigner du sujet principal (la tournée du docteur Kiberlain, le père militaire…). On reste tout de même sous le charme de cette amitié amoureuse qui cavale sous la balade « Yakafé » de Victor Démé.
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