Paris, 1896. Au sommet de sa gloire, Sarah Bernhardt (Sandrine Kiberlain) est célébrée par le Tout-Paris. Ce jour-là, son amant Lucien Guitry (Laurent Lafitte) met un terme à leur liaison pour une jeune comédienne, Charlotte Lysès (Mathilde Ollivier).

Il fallait une actrice à la hauteur du personnage pour interpréter « La Divine », alias Sarah Bernhardt (1844-1923), star du théâtre adulée jusqu’en Amérique et au Brésil. C’est Sandrine Kiberlain qui endosse le rôle de ce monstre sacré et cette sacrée monstre. Tour à tour séductrice, impertinente, tyrannique ou capricieuse, l’actrice de Chronique d’une liaison passagère (Emmanuel Mouret, 2022) multiplie les humeurs de la grande tragédienne qui, à la fin de sa vie, révèle à Sacha Guitry (Arthur Mazet) le lien puissant qui la lie à son père Lucien.

A lieu de tout étaler de la vie de Sarah Bernhardt, Guillaume Nicloux revient, avec l’utilisation de flash-back, sur deux périodes marquantes: le jubilé et, vingt ans plus tard, l’amputation que subit la comédienne vieillissante. Si la mise en scène verse dans l’académisme, à l’exception de la brillante et baroque scène de célébration dans les appartements de Sarah Bernhardt, la flamboyance des décors et des costumes plonge le spectateur dans l’esprit de la Belle Epoque. Sarah Bernhardt, La Divine prend également le soin de replacer la comédienne dans les combats qui lui tenaient à cœur: l’indépendance des femmes et la lutte contre l’antisémitisme (l’affaire Dreyfus déchire la France entre 1894 et 1906).

La cour qui entoure la volcanique Sarah Bernhardt est magistralement interprétée: Laurent Lafitte, bien sûr, mais également la révélation Mathilde Ollivier dans le rôle de Charlotte Lysès, Amira Casar dans celui de la peintre et confidente Louise Abbéma, Pauline Étienne dans le rôle de la domestique ou Sylvain Creuzevault en Edmond Rostand… On y entend également les musiques de Reynaldo Hahn, un compositeur proche de la comédienne, ainsi que de Maurice Ravel, de Claude Debussy, de Frédéric Chopin, d’Edvard Greig ou de Franz Schubert…

Sarah Bernhardt, La Divine est un voyage délicieux en compagnie d’une actrice magistrale.