Dans un pays de montagnes aux pentes arborées, des villageois s’interpellent d’un flanc à un autre en sifflant. Cette contrée proche de la mer Noire se situe en Turquie, plus précisément à Kusköy, « le village des oiseaux ». C’est dans ce village que le maire élève ses deux grandes filles Fatma et Sibel. Veuf, le chef du village laisse son aînée Sibel passer ses journées entières dans la forêt. Muette dès son plus jeune âge, la jeune femme qui ne s’exprime que par des sifflements, guette dans la forêt les traces d’un loup, sujet de toutes les peurs ancestrales. La chevelure abondante, les yeux d’un vert lumineux, la sensualité à fleur de peau, Sibel fait la rencontre d’un homme errant.
Le couple de réalisateurs a installé sa caméra dans ce magnifique coin du nord de la Turquie où une langue, celle des siffleurs, est encore utilisée par les villageois. Guillaume Giovanetti et Cagla Zencirci ont écrit le récit d’une jeune femme rejetée par les villageois – et encore plus par les femmes – notamment à cause de son handicap. Éprise de liberté, la belle amazone trouve dans la nature et auprès d’une villageoise recluse dans la montagne la sérénité. Les cinéastes abordent dans « Sibel » le thème de l’émancipation de la femme et la découverte de la sexualité. Ils dépassent les clichés en brossant le portrait d’un père partagé entre tradition et modernité et en esquissant celui d’une sœur prête à abandonner ses études pour épouser le premier venu. Ils font de l’aînée Sibel l’icône d’un être en quête d’un absolu, relevant le menton et laissant sa chevelure libérée.
« Sibel » est porté par la magnifique actrice Damla Sönmez à la sensualité animale, sans oublier le reste de la distribution, impeccable, avec notamment la jeune sœur Elit Iscan vue dans « Mustang » ainsi qu’Emin Gürsoy dans le rôle du père.
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