A Lyon, trois amies arrivent à une étape charnière de leurs vies: Joan (India Hair) n’aime plus Victor (Vincent Macaigne), Alice (Camille Cottin) n’a peut-être finalement jamais aimé Eric (Grégoire Ludig) et Rebecca (Sara Forestier) entretient une mystérieuse relation avec « monsieur X », un homme marié.
Avec ce nouveau marivaudage des temps modernes après l’excellent Chronique d’une liaison passagère (2022), Emmanuel Mouret pose sa caméra dans la capitale des Gaules et suit les errements amoureux et les turbulences sentimentales de trois quadragénaires. C’est le compagnon de Joan, Victor, qui narre en voix off la lente mue de sa femme vers une nouvelle vie amoureuse. Et de dérouler le flux de rencontres, de sentiments, de nouveaux départs des trois amies.
Emmanuel Mouret, fin observateur du sentiment amoureux, mêle dans sa petite musique la légèreté et la gravité qui, dans ce nouvel opus, porte le poids du deuil. En effet, la mort d’un des protagonistes redistribue les cartes de vies de ces adultes, bercés d’espoirs et prompts à tomber amoureux. Le cinéaste et brillant dialoguiste réussit de nouveau, comme dans Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait (2020), à instiller de la comédie dans le drame et y intégrer une part de touchante mélancolie.
Trois amies, qui est aussi l’histoire d’une amitié féminine, brosse le portrait de trois caractères: tragique pour Joan, léger et fleur bleue pour Rebecca, plus rationnel pour Alice. Les trois actrices incarnent magnifiquement ces trois personnages: Camille Cottin, récemment vue dans Ni chaîne, ni maître (Simon Outairou, 2024), Sara Forestier (Suzanne de Katell Quillévéré en 2013 et Roubaix, une lumière d’Arnaud Desplechin en 2019) qu’on retrouve avec plaisir et surtout India Hair qui trouve ici son plus beau rôle. Côté mâles, Vincent Macaigne n’a jamais été aussi touchant, Damien Bonnard étonnant.
Vu aujourd’hui. Merci Emmanuel Mouret pour ce joli film