Londres, 1988. Nicholas Winton (Anthony Hopkins) se souvient, cinquante ans plus tôt à Prague, de son passé héroïque à la veille de l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes d’Adolf Hitler. Le jeune courtier britannique mit alors en œuvre un plan d’évasion pour sauver des enfants réfugiés, pour la plupart issus de familles juives, des griffes nazies. Par tous les moyens, aidé par sa mère Babette (Helena Bonham Carter), le jeune trentenaire organise des convois ferroviaires vers des familles d’accueil en Angleterre.

Peu connue en France, l’histoire du « Schindler britannique » devait nécessairement être portée à l’écran après le récit qu’en fit sa fille Barbara Winton, auteur de la biographie If It’s Not Impossible…The Life of Sir Nicholas Winton dont Une vie est adapté. A cheval entre deux époques – 1938 et 1988 – le film de James Hawes enchaîne les flashbacks avec ses deux comédiens – Johnny Flynn et Anthony Hopkins – qui incarnent Nicholas à deux époques de sa vie.

Avec pour prétexte le rangement de son bureau et la redécouverte de ses archives, le vieil homme repense à ses années praguoises où, aidé de Doreen (Romola Garai) et Trevor (Alex Sharp), il participa au sauvetage de 669 enfants. En 1988, une émission de télévision tape-à-l’œil révèle au grand public l’acte héroïque de Nicholas Winton.

Le mérite d’Une vie – dont le titre original One Life est plus parlant – réside en « l’histoire vraie » de cet homme exceptionnel qu’était Winton, anobli par la Reine Elisabeth en 2003. Issu d’une famille juive allemande par sa mère, le jeune homme pressent qu’après l’invasion des Sudètes (septembre 1938), les troupes d’Hitler s’empareront de la Tchécoslovaquie et pourchasseront les Juifs. Winton met ainsi en place des convois vers la Grande-Bretagne avec, sur place, un réseau de familles d’accueil.

Si force et caractère de ce film très académique font défaut, Une vie sort tout de même avec les honneurs grâce à son scénario très serré et à son rythme qui fluctue en fonction du récit de l’époque, à toute vitesse en 1938 et plus lent en 1988. Surtout, l’interprétation d’Anthony Hopkins, génial en papy retraité après le récent Armageddon Time (James Gray, 2022), et des quelques jeunes comédiens dont la charmante Romola Garai, découverte en 2007 dans Angel par François Ozon, portent haut la main cette passionnante aventure humaine, toujours d’actualité à une époque où l’antisémitisme ressurgit dans le monde.