Hiver 1962. En partance pour un congrès scientifique qui doit se dérouler dans un grand hôtel des Alpes suisses, Johannes (Jan Bülow), étudiant en physique,  soutient à son tuteur le Dr. Julius Strahten (Hanns Zischler) l’existence d’un monde parallèle. Ce qui ne manque pas de susciter l’intérêt du fantasque Professeur Henry Blumberg (Gottfried Breitfuß) avec qui Strahten est en froid. Alors que d’étranges phénomènes se produisent sur les sommets enneigés de la station de sports d’hiver, Johannes tombe sous le charme de la mystérieuse pianiste de l’hôtel, Karin (Olivia Ross).

Petit bijou cinématographique en forme d’hommage aux thrillers des années 1940-50, cette première réalisation de Timm Kröger détonne quelque peu dans le cinéma d’anticipation contemporain. En convoquant les maîtres du genre, tel Fritz Lang, et en proposant une intrigue que l’auteur de bandes dessinées Edgar P. Jacobs n’aurait pas dédaigner, le cinéaste allemand suit le récit d’un jeune scientifique persuadé de l’existence d’autres univers et découvreur d’une gigantesque machination dans les entrailles d’une ancienne carrière d’uranium, logée sous la montagne.

Malgré une intrigue parfois complexe, le spectateur est totalement embarqué dans cette fiction romanesque, qui passe du thriller vintage à la science-fiction des années 1960. Au milieu de l’assemblée de physiciens, vieilles gloires dont le passé de chacun semble assez trouble, le timide Johannes et la fantomatique Karin entament une inévitable liaison amoureuse, sorte de réminiscence de Hans Castorp et Claudia Chauchat dans La Montagne magique de Thomas Mann.

Doté d’une bande originale entre romantisme et mystères et qui rappelle les musiques de Bernard Herrmann, dans des décors majestueux – les massifs montagneux, le palace Belle Époque – et sublimé par une pellicule en noir et blanc, Universal Theory revisite un cinéma disparu tout en l’adaptant aux questions actuelles de notre siècle où le virtuel grignote irrémédiablement l’humain.