En quête d’un travail, Christine (Sandy McLeod) se voit proposer celui, pour le moins atypique, de caissière au Variety, un cinéma porno de Times Square. En découvrant ce monde d’hommes et de sexe, la jolie blonde se met à explorer ses propres fantasmes, notamment en enquêtant sur un des clients du Variety, le mystérieux Louie.

Présenté au Festival Lumière, ce film underground sorti en 1983 aux Etats-Unis est resté inédit sur les écrans français. Cette absence est réparée quelques quarante années plus tard grâce au distributeur Camelia et à son patron Ronald Chammah.

Variety, qui suit au millimètre son héroïne au blond hitchcockien, est filmé de nuit dans un New-York encore ancré dans « l’ancien monde » avec ses sex shops, ses bars sordides et ses motels miteux. Bette Gordon sa réalisatrice y renverse la traditionnelle équation du voyeur avec les femmes: ici, c’est Christine qui, fascinée par la sexualité fantasmée, se comporte en voyeuse jusqu’à provoquer une rencontre (imaginaire?) sexuelle.

Rarement évoqué au cinéma, la cinéaste explore la sexualité et le désir féminins: Christine – qui ne semble pas comblée par son petit ami – prend conscience de son pouvoir sexuel et franchit la ligne jusque là interdite aux femmes. Bette Gordon y intègre un passionnant thriller, magnifié par la photo de Nan Goldin – qui y joue un petit rôle – qui l’emmène jusqu’au marché aux poissons.

Avec ses errances nocturnes dans les bas-fonds newyorkais et la musique jazz de John Lurie, on pense à un Taxi driver (1976) au féminin dans ce film retrouvé, doté d’un charme vintage et expérimental.

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