Il y a quelques années, nous avions rencontré Maurice Laroche, le propriétaire et gérant du cinéma Beverley à Paris. L’exploitant nous avait fait l’honneur d’une visite de son cinéma porno alors en activité et nous avait relaté le quotidien de son petit commerce de quartier. Malgré elle, cette salle de 90 fauteuils située dans une rue calme à quelques pas des grands boulevards, devenait l’une des curiosités les plus célèbres de la capitale: le Beverley était la dernière salle parisienne à programmer des films « interdits aux moins de 18 ans » selon la loi en vigueur.
Au mois de février 2019, Maurice Laroche raccrochait pour embrasser une retraite bien méritée. L’homme laissait derrière lui la porte du Beverley définitivement close et, en même temps, un point final d’une exploitation pornographique considérée aujourd’hui comme iconoclaste. Ces salles de quartier du siècle dernier appartiennent désormais à un passé révolu.
Un bel ouvrage paru aux éditions L’Harmattan revient sur l’histoire de cette salle qui s’appelle dans un premier temps le Bikini et qui programme des westerns et des films d’aventures. Au mitan des années 1970, le Beverley se consacre définitivement à la programmation de films érotiques avant d’aborder franchement le genre pornographique.
Ecrit par Claude Forest, le livre Cinéma Beverley, le dernier porno de Paris retrace la vie de cette salle de quartier qui enchaîne les succès commerciaux d’une industrie florissante. Il faut dire qu’en ces Trente Glorieuses finissantes, les salles X pullulent à Paris: la libération des mœurs post soixante-huitardes provoquent un intérêt nouveau pour un public décomplexé. Mais une lourde taxation voulue par le gouvernement puis l’apparition de la vidéo et, au siècle suivant, la déferlante internet sonnent le glas des salles porno.
Grace aux magnifiques photos d’Arnaud Chapuy prises avant la fermeture définitive du Beverley, complétées par les archives du propriétaire du cinéma, Cinéma Beverley, le dernier porno de Paris est le récit historique d’une industrie qui a fait les belles heures d’exploitants indépendants. Illustré par des affiches de films aux titres les plus cocasses les uns que les autres, Cinéma Beverley, le dernier porno de Paris est un livre passionnant d’un temps pas si lointain, mais déjà passé.
Cinéma Beverley, le dernier porno de Paris
Claude Forest (textes) et Arnaud Chapuy (photos)
Février 2019, 96 pages.
Editions L’Harmattan
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Le livre « Cinéma Beverley, le dernier porno de Paris » est nommé au Prix SFCC de la Critique 2019 (Syndicat Français de la Critique de Cinéma) dans la catégorie Meilleur Album sur le Cinéma, aux côté de « LA 82 » de Raymond Depardon et Olivier Assayas et de « Sterling hayden, l’irregulier » de Philippe Garnier. Un grand bravo à Claude Forest et Arnaud Chapuy.
Et dire qu’il y en avait des dizaines et des dizaines, dans toutes les villes de France, des cinémas de ce genre, souvent situés aux abords des gares SNCF… Faut-il s’en attrister ou s’en réjouir? Ni l’un, ni l’autre, c’est une époque qui n’est plus. Point.
Merci pour ce livre qui est le témoignage de cette époque.